Lovée dans l’ancien Petit Keller depuis l’été 2024 (alors sous le nom d’El Taco Olímpico), cette adresse néo-mexicaine rebaptisée Tarántula en a conservé la physionomie bistrotière. Dans une obscurité favorable aux araignées du soir (espoir), le carrelage blanc et noir se révèle à la lueur des bougies dans une atmosphère plus crépusculaire que gothique. Ici, on est prié de laisser à la porte les lieux communs : ex-chef d’El Nopal, Emmanuel Peña Treviño y tisse une fusion franco-mexicaine contemporaine et racée.
Au menu, des petites assiettes sorties du sombrero comme ce taco aux champignons et pleurotes en tempura, ou celui au porc confit lentement et chou rouge craquant dans une galette de maïs de compète. En plat de résistance, un splendide coquelet à la peau tannée croustillante révélant une chair moelleuse et juteuse, grenouillant dans un onctueux beurre blanc acidulé au chile japones qui tabasse.
Si le comptoir à mezcals se prête à la confection de Margaritas de haut vol (12-13 €), on a préféré la fraîcheur légèrement fumée de celui à l’hibiscus. Et côté vins, rouges vivants ligériens ou rhodaniens se sirotent à prix correct (7 €). Un flan au fondant inédit vient sonner la fin de ce voyage au nord du Mexique qui rend poète à chaque assiette avec ces cuissons surprenantes et ces piments qui dansent la tarentelle. Seule l’addition, lourde comme un luchador lancé de la troisième corde, ramène sèchement à la réalité parisienne.