C’est à l’angle de la rue de la Fontaine-au-Roi, à un jet de pierre du pizzaïolo Sonny’s (à qui il commande ses pâtes à man’ouché dominicales), que Kamal Mouzawak, restaurateur star du zaatar au Liban, a ouvert sa première table (“tawlet” en libanais) parisienne. Selon les jours, les spécialités du pays tournent tel un derviche : plaine de la Bekaa le jeudi, Beyrouth le week-end ou région des montagnes en ce mercredi… Si le midi, c’est la fête au buffet en rez-de-chaussée avec une chouette terrasse, le soir, on monte en gamme et d’un étage avec service à table dans une ambiance nettement moins cantoche (voire assez compassée). Luminaire vintage, mobilier brocanté, coussins multicolores et curieuse bande-son plus franchouille que Fairuz… Total contre-pied sur les clichés levantins !
La formule unique et pas donnée (39 €) commence par une salve d’entrées végétariennes qui mettent tout le monde d’accord. On boulotte frénétiquement replètes feuilles de vignes garnies de riz et oignons, suave caviar d’aubergine, tabouleh bien vert, chou relevé au citron, pommes de terre à l’ail… Les crackers au zaatar servent pour attaquer le ravier de keshke (yaourt et boulgour) et le houmous. Régal. Normalement, vous n’avez déjà plus faim mais trois plats chauds arrivent vous achever quand même. On a adoré les baths kebbeh (boulettes de bœuf crousti) sous leur manteau de sauce au yaourt, mais le gigot mariné à la mélasse de grenade et son riz soulèvent moins d’enthousiasme, tout comme le mdardara, plat végé à base de lentilles et oignons frits, en hypo-épices.Si vous disposez d’un estomac en plus, glissez-y le dessert en supplément comme ce diabolique cake choco zaatar (5 €). On fait couler ça avec une bière beyrouthine (la Taz) mais la micro-carte propose aussi un blanc et un rosé libanais, le domaine Ixsir (39 €) et un superbe arak artisanal – que l’on pourra emporter chez soi, comme cette myriade de produits proche-orientaux souvent introuvables dans nos contrées et sagement alignés sur les étagères du coin épicerie.