De vrais bons Brésiliens à Paris, ça court pas les rues. Soyons francs : quand on l’a vu débarquer, ce paquebot ancré en plein Sentier, on s’attendait au mieux à une cantine bigmammaïsé, au pire à un ersatz totalement foiré de l’original hong-kongais. Déco mi-indus mi-végétale déclinant l’osier et le rotin, resto sur deux niveaux dans l’esprit des bars à samba, avec un escalier bariolé aux 2000 carreaux de faïence, clin d’œil au Selaron de Rio…
Justement, tiens : ses marches se transforment en gradins où l’on sirote un cocktail le temps qu’une table se libère. Et c’est la première chose qu’on se dit : voilà enfin une bonne caïpi, réalisée par une ex de la Candelaria. De la classique cachaça/citron vert (8,50 €) à la version Maracuja (9,50 €), où le fruit de la passion amène une acidité bien maîtrisée, c’est nickel, bien dosé en alcool et nettement moins sucré que les désolantes mixtures qu’on boit souvent.
Quelques minutes plus tard, on nous installe face aux baies vitrées s’ouvrant complètement sur la rue, bouffée d’air frais bienvenue. Les baguettes ne trompent pas : ici, on déguste la fameuse cuisine Nikkei, née dans les années 20 à Sāo Paulo, fusion inventée par des immigrés nippons travaillant dans la culture du café brésilien. Ca donne : trois coxinhas - délicieuses croquettes de poulet et gombo, avec sauce piment maison qui arrache (8 €) ; un ceviche Goa fait minute, admirable de précision dans les assaisonnements et le respect du produit : poisson blanc, calamar, crevette, coriandre, oignon rouge, curry et lait de coco (13 €) ; et brochettes yakitori-style au bœuf, servies par deux (9 €) et cuites à la perfection -saignantes et tendrissimes- sur charbon japonais Binchotan.
Peut-on monter encore d’un cran ? Oui : robalo assado em folha de bananeira -bar (de ligne, bravo !), entier, cuit en feuille de banane, avec farofa de manioc et banane frite (22 €). Et addictive mousse au chocolat 70%, relevée à la cachaça, avec petit dés de kiwi, ananas et fraises fraîches (10 €). Dommage : lors de nos passages suivants, la cuisine comme le service se sont montrés très inégaux...