1-7-0. Non ! Il ne s’agit pas d’une extension du numéro de la gendarmerie, mais bien du prix du menu, midi comme soir, de cette illustre adresse rue Saint-Honoré, qui nous aura laissé ce midi-là un (Yamt)chat dans la gorge.
Oublié le tarif fragilisant notre petit PEL, qui plus est en période inflationniste, on revenait après plusieurs années d’attente – et une bonne dizaine de jours pour obtenir une table – chez Adeline Grattard, et son Mister Tea de mari, Chi Wah Chan, adresse auréolée par tous les guides comme le symbole remarquable de l’amitié franco-chinoise.
Blotti au nord-ouest de la salle (mais protégé du vent), peu impressionnés par la faune de financiers du quartier vantant leur dernière OPA, on se délecte d’abord du service de palace : sûr sans être obséquieux, allègre sans dépasser les bornes et surtout bien renseigné sur les millésimes ligériens (de vin naturel).
Puis, en brillant début d’agapes, chips de riz et délicat samoussa à la courge. Une réussite ! Et deuxième tour d’allume-papilles, en trois séquences cette fois : délicieux bouchon réunionnais de crevette royale envoûté de citronnelle, nouilles de patate douce et chawanmushi (flan japonais) flanqué d’une solide louche de caviar. Bon ! Avant la salade de champignons, méli-mêlant pleurotes jaunes, pholiotes du peuplier, pomponettes et constellation de truffes noires, le tout élégamment porté par une sauce au sésame.
Et puis la dégringolade : un filet de bar qui ne la mettait pas très haut côté cuisson, « shocké » au gingembre selon le serveur, moules et coques. Ensuite, une catastrophe de noix de Saint-Jacques enrobées d’une épaisse panure puis frites, puis ré-enrobées de sauce sweet and sour, annihilant la possibilité du nacre et du goût, avec quartiers de pomelo taillés à la hache et fleurs de capucine sabrées. Pour clore l’échec, un dernier plat viandard à base de morceaux de porc ibérique aussi difficile à mâcher qu’un chewing-gum dans l’hiver sibérien, accompagné de racines de lotus frites et de gombos suintant leur viscosité.
Bref, la melting-popote a des limites. Les prix des menus du midi, rue Saint-Honoré, manifestement pas. Peut-être qu’avec moins de caviar, moins de truffe noire, et moins d’approximations sur les cuissons, on aurait reconnu la fougue du Yam’Tcha des premières années. Quand le menu coûtait 100 € de moins, à l’image des fabuleuses cantines Café Lai’Tcha et Boutique Yam’Tcha.