Les kiosques à musique ou quand le classique se dévergonde loin des salles de concerts.
Les mauvaises langues diront que si l'on préfère les violons dans les jardins, ce n'est pas pour l'acoustique, mais pour le beau temps qui en est la condition. Que nenni ! L'heure est à l'expérimentation d'un autre type d'écoute, plus libre, nonchalant à souhait. Car la musique classique ne s'apprécie pas forcément mieux les sourcils froncés. De loin, allongé dans l'herbe, sur un banc squatté par des mamies bavardes, près du roucoulement des pigeons, cela marche aussi.
Les beaux jours sont depuis longtemps à Paris le temps des kiosques à musique. Orchestres de chambre, chorales en tout genre viennent se lover parfaitement dans les huit murs d'airs que forment ces structures. Relevons deux festivals qui concurrencent haut la main le chant des oiseaux : Kiosques en musique et Kiosquorama. Une bonne opportunité de profiter de l'esthétique de ces modestes constructions Second Empire, art déco ou plus contemporaines.
Originaires d'Inde, d'abord présents en Chine et en Turquie, les kiosques font depuis plusieurs siècles partie de l'architecture occidentale. Ils deviennent tribune musicale au XIXe siècle. Si aujourd'hui les auditoriums sont la norme en matière de musique classique, à l'époque toutes les villes veulent avoir leur kiosque. Colonnes en fonte et garde-corps forgés s'implantent dans le paysage urbain. L'âge du fer industriel n'est pas innocent dans cette mode architecturale, ni dans ce phénomène de société. Les entreprises forment leur orchestre pour stimuler l'esprit d'équipe et limiter les associations rebelles le dimanche après-midi. Ironie de l'histoire, les musiques « nobles » destinées aux bourgeois sortent des salons pour venir titiller l'oreille du « bas peuple » en plein air.