Carcan de bois de la musique baroque, symbole de persévérance et de culture, l'Opéra Royal de Versailles est aujourd'hui considéré comme l'un des plus beaux de France. L'un des premiers théâtres modulables, inspiré de la renaissance italienne, il était à la fois salle de concert, de bal et de festins. Avis aux mélomanes invétérés, l'acoustique de l'Opéra a plus d'une note à vous jouer. L'ingénieuse voûte inversée sous la fosse d'orchestre, et la salle en ellipse tronquée concourent à la qualité du son. A l'époque de la dictature du décibel et du règne des amplis, l'incroyable résonance sans échos de l'opéra est bien un chef-d'œuvre acoustique. Mais quel en est le secret ? Sous le faste des dorures et des peintures, à l'ombre de l'éclat des lustres, la modestie du bois brut est à l'œuvre. Des trois étages de piliers du soubassement à la charpente, sous le stuc des décors, sous vos pieds, il est présent partout. Violon géant, stradivarius des opéras.
Mais que joue t-on derrière le rideau de soie ? Depuis 2009, après deux ans de travaux et de reconquête architecturale, les plus belles pièces ont pu y être présentées, notamment avec le festival d'été du château. On entend d'ici les flûtes et hautbois de Lully. Pourtant, de grands opéras, de riches festivals, il y en a dans Paris et dans toutes les grandes villes de France. Pourquoi aller se perdre dans les Yvelines ? Une petite voix nous dit qu'aller écouter Bach ou Haendel à Versailles, c'est quelque part s'inviter au mariage de Louis XVI et Marie-Antoinette. Sans complexe, tant pis pour l'infidélité envers l'Opéra Bastille. Des loges de corbeille au balcon royal vous marchez sur les traces de Louis XIV et de son projet lyrique. Une crise d'ego à la française ? Oui, et alors ?