Voilà une boutique de disques au caractère bien trempé, où la clientèle sent le cuir, la chaîne de moto et l’aiguille de tatouage. Un peu comme si Born Bad, fils bâtard de ces disquaires londoniens ouverts en 1977, à l’époque où le punk était roi et le futur n’avait pas d’avenir, avait fait sienne la devise de James Dean : « Il faut vivre vite, mourir jeune, faire un beau cadavre. » Sauf qu'ici, le rock est encore bien vivace et se décline en neuf et en occase, dans toutes ses sectes stylistiques, du rock’n’roll des aïeux au post-punk en passant par la oi!, le blues, le hardcore ou le rockabilly.
On y va pour faire défiler les vinyles autoproduits et souvent très abordables, entre pressages originaux primo-punks et labels du monde entier. Parmi les stars des bacs, les Américains Ty Segall, Osees ou Uranium Club, les Canadiens Crack Cloud, les Australiens Ausmuteants ou les Britanniques Idles et Cool Greenhouse. Mais, chauvinisme oblige, on vous conseille de zieuter les bacs dédiés au label fleuron du rock indé français Born Bad – c’est lui qui a repris le nom de la boutique – à l’origine des sorties de Frustration, Forever Pavot, La Femme ou encore les compiles Space Oddities et Chébran.
On trouve aussi des bouquins dans le fond de la boutique, comme l’autobio de Mark E. Smith, regretté chanteur de The Fall. N’hésitez pas à discuter avec les patrons, ni à demander ce qui tourne sur la platine pendant votre passage : avec un peu de pot, vous découvrirez (comme nous) une compile de Thee Gloomies, comète de la scène garage psyché rennaise du début des années 1990, et ça fera votre journée. Sans aucun doute le disquaire rock le plus pointu de la capitale.