Univers vestimentaire rouge et noir, microcosme moulant en latex, vinyle ou cuir, il n’y a pas de doute : vous êtes bien chez Dèmonia. Antre parisien du fétichisme, cette boutique est renommée pour ses accessoires, tenues et équipements qui ancrent la sexualité dans le fantasme et le jeu de rôle du BDSM (bondage, discipline, domination, soumission, sadomasochisme). Pour ce faire, vous trouverez des collants et des bas (35 euros pour un modèle en latex), robes, pantalons et boxers, colliers, cagoules et un vaste choix de lingerie aux fermetures Eclair placées stratégiquement - tout fétichiste qui se respecte doit avoir le sens pratique. La boutique met en avant les créations de Patrice Catanzaro, égérie des milieux coquins, et propose de rivaliser avec Catwoman (combinaisons catsuits, masques et fouets). Au fond de la boutique, le rayon sex-toys classiques pour Monsieur et Madame Tout Le Monde aligne - à des prix abordables - incontournables du quotidien, boules de geisha, vibromasseurs et godes en tout genre (ne nous privons pas d'une petite énumération) : ceintures, spécial point G, ventouses ou encore le très polyvalent gode ceinture chair double et vibrant, plugs en métal ou gonflables, etc.
Une fois devant la caisse, stratégie commerciale imparable oblige, on vous propose les très élégants vibros télécommandés Lelo pour homme ou femme. La version Wii (si, si, ça existe !) est à 109 €. Ne vous battez pas pour tenir la télécommande qui vibre, elle aussi. Glissée discrètement dans la poche, elle vous sera très pratique au restaurant par exemple. Piles, lubrifiants et huiles de massages sont aussi vendus, ainsi que des préservatifs, gels nettoyants et gants latex jetables pour des pratiques sûres.
Si votre cœur balance entre les dentelles et les harnais, l’écolier puni ou le maître, la nonne, la patronne ou l’amazone, la section librairie pourra vous aider. Utiliser le vêtement comme instrument sexuel, la douleur (différente de la violence) comme tremplin vers le plaisir, cela s’apprend. D’autant que dans cette boutique, la question suivante vous viendra au moins une fois à l'esprit : « Saperlipopette, comment ça marche ce truc ? » Les réponses se trouvent dans les guides de domination et de soumission, témoignages plus ou moins romancés, bandes-dessinées ou albums photos fétichistes. Une pointe de regret pour les abonnés absents du rayon librairie : Sacher-Masoch et la dominatrice Wanda, le Marquis de Sade et la très sage Justine, Deleuze pour l’analyse philosophique et d’autres grands classiques de la littérature.
Majoritairement hétérosexuelle, la clientèle oscille entre 30 et 50 ans. Pour l’anecdote, les hommes viennent souvent en repérage après le boulot et y reviennent avec leur femme rassurée (comme c’est mignon), le samedi. Enfin, inutile de laisser planer plus longtemps le doute chez les traumatisés du reportage - caméra au poing - sur la Fistinière. Messieurs, pas la peine de serrer les fesses en rentrant dans la boutique, le personnel on ne peut plus courtois ne fera que vous renseigner. Et ce n’est pas Manuel, responsable de la communication, qui vous fera dire le contraire. Avec son adorable minois, il pourrait convertir au fétichisme n’importe quelle Marie-Charlotte. Notez que chaque année, Dèmonia organise, pour les amoureux d’esthétique fétiche, le plus grand événement du genre en France. Une soirée qui réunit généralement quelque 1 700 personnes.