Derrière ce nom un peu fourre-tout – mais qu’est-ce qui est vraiment insolite aujourd’hui ? – se cache un lieu idéal pour dîner durant l’hiver ou l’automne. Au fond de cette cave à vin et restaurant néo-rustique, le voyageur endolori par le froid et la fatigue ira volontiers se réfugier au coin de l’âtre fumant. Près du radiateur en somme, le repaire des cancres qui s’alignent sur la grande table en bois pour partager le boire et le manger. Chaleur dans l’air, mais aussi dans l’accueil des hôtes, toujours prêts à expliquer la provenance d’un mets ou conseiller une bonne bouteille de vin. Ils ont beau être placés rue de la Folie Méricourt, les frères Baraquin (Arnaud et Axel, respectivement anciens de Thierry Faucher, à la Cave de l’Os à Moelle, et de Thierry Blanqui, au Beurre Noisette) sont loin d’être fous. Ils sont toqués de bonne chère et de produits frais, mais qui les en blâmerait ?
Une fois entré, oubliez les prix parfois un peu chers pour les plats et dites-vous qu’il faut parfois savoir se faire plaisir. Première étape obligée, se servir soi-même une bouteille de vin parmi la centaine d’excellentes références allant de 8 à 60 € (le droit de bouchon est de 7 €). Si vous hésitez, on se fera un plaisir de vous recommander un cépage en fonction de votre assiette. Pourquoi pas un vin naturel du Roussillon par exemple ? Un Maury sec 2008 « la petite baigneuse » à 21 €, très fruité, ensoleillé même et qui s’affine au fil des minutes. Il ira parfaitement avec le jambon blanc fait maison et son beurre fermier, accompagné par un solide pain de campagne comme on en voit rarement dans les restaurants. Et pour cause, il vient directement de chez Thierry Breton, le chef de Chez Michel, Chez Casimir et La Pointe du Grouin.
La demi-douzaine d’huitres (10 €) passe également comme un charme, et c’est l’appétit déjà bien entamé qu’on déguste un pavé de maigre, un poisson à la chair blanche pêché dans l’Atlantique ainsi qu’une canette (jeune canard femelle) aux betteraves de couleur jaune. Deux plats à 20 € plutôt raffinés, mais qui pourraient être un peu plus copieux. Il nous reste donc de la place pour une croustade de poires et châtaignes en dessert, une sorte de crumble très sucré recouvert d’une croûte consistante et difficile à briser. Une note finale sucrée pour une note un peu salée : on vous avait prévenu, il ne faut pas regarder à la dépense à la Cave de l’insolite. Entre sa cheminée réjouissante, ses hôtes prévenants, ses vins admirablement choisis et la qualité des produits, l’adresse vaut un petit coup de folie du côté de Méricourt.