Jusqu’en avril dernier, le Marché Noir faisait vibrer la mode vintage depuis la mezzanine du Comptoir Général. Dorénavant, on retrouve la boutique du génial Amah Ayivi à quelques pas du Carreau du Temple, dans la fameuse rue Perrée. Une ancienne fabrique de boutons qui accueille désormais un bar à mocktails et une sélection pointue de fringues vintage : 150 m2 de fripes chinées partout dans le monde, de jupes à fleurs (25 €), de bodys couleur citron et d’étoles précieuses. Le tout organisé sur deux étages : pièces phares au rez-de-chaussée et basiques au sous-sol (à partir de l'été 2016).
Pour Amah à l’origine du projet, il est question de redonner ses lettres de noblesse au style, de proposer avec son Marché Noir « un royaume du style ». Une véritable profession de foi qu’il expose dans son Manifesto (à découvrir dans le numéro 0 de la gazette du lieu). « Ressusciter l’alchimie qui opère entre un vêtement et une attitude, entre une matière et une posture, entre un imprimé et un langage. Telle est l’ambition du Marché Noir. »
Vintage africain
Accessoires divers, bleus de travail Ford (avec le nom de l’ouvrier cousu !), foulards à 5 €, vêtements militaires des années vingt, manteaux Ralf Lauren impeccables (400 €), sweats aux motifs jungle venus des Etats-Unis via Lomé : il y a de tout au Marché Noir, mais pas n’importe quoi ! Quatre-vingts pour cent des pièces vendues dans la boutique proviennent d’Afrique, mais ont souvent connu de longues traversées en mer. Ici, chaque pull, chaque veste a son histoire, baladés au gré du hasard, des péripéties vestimentaires touristiques et migratoires ou tout simplement des parcours incongrus des ONG (heu... comment des doudounes polaires se retrouvent-elles au Bénin ?). Retour à l’envoyeur via le très officiel Marché Noir ! A ceux qui pourraient crier au dépouillement des denrées africaines, pour le plaisir des fashionistas parisiennes, Amah répond : « Les Africains aiment la nouveauté et le neuf, les pièces vintage n’ont pas la cote et se retrouvent tout simplement dans la rue, sur les marchés. » L’entreprise est familiale : le frère d’Amah et ses acolytes chineurs ont été formés pour dénicher de quoi enchanter les Parisiens épris d’antiquités vestimentaires. La friperie met également en avant quelques pièces artisanales cousues main, achetées aux producteurs locaux, tels des tissus massaï ou les imprimés bogolan.
Bientôt près de 600 m2
Autre nouveauté 2016, la boutique proposera bientôt un service de retouche (quelle bonne idée !) et un bureau de style, le tout dans une déco coloniale (« entre colons anglais et Rois d'Afrique ») sertie de plantes et de lustres en moquette (!).