« T’as de beaux livres, tu sais ? », semble dire Jean Gabin à Michèle Morgan sur la photo de ‘Quai des Brumes’ qui trône à l’entrée de l’Encre de Chine. Anars de cœur, cocos dans l’âme, révolutionnaires pacifiques, amoureux de vieux papier, collectionneurs de bandes dessinées : voilà un repaire pour vous. Plus bouquiniste que librairie, l’échoppe regorge de bandes dessinées, comics et livres d’occasion. Spécialiste d’œuvres satiriques à tendance anarchiste (Siné, le professeur Choron...), de BD de l’école franco-belge (Franquin, Tillieux, Peyo...), de science-fiction et de polars (Azimov et Simonin en tête de liste), L’Encre de Chine est le royaume de la madeleine de Proust, avec ses images et ses titres ressurgissant du passé.
En tant que fière Montmartroise, la boutique recèle également de livres sur l’histoire artistique du quartier, qui côtoient les bouquins de Michel Audiard, les photos de Robert Doisneau, les poèmes de Jacques Prévert, les manuels d’argot, et autres publications sur le Black Power, Jacques Mesrine ou encore Léo Ferré et Georges Brassens. La lecture grivoise n’est pas en reste, avec des petits formats de bandes dessinées érotiques italiennes éditées par Elvifrance dans les années 1970 et 1980, dont les héroïnes Zara, Maghella et autres Jacula affolent les pages. Les petits prix pratiqués (entre 6 et 9 € pour les BD, 3 et 10 pour les romans), allant de pair avec l’ambiance décontractée et anticonformiste des lieux, comme autant de bonnes raisons d’aller y chiner un joyau d'impertinence ou un trésor délicieusement anachronique.