Il y a quelque chose d’intimidant chez Momzi, boutique presque rétro dans son côté modeux précieux surjoué. Un écrin anthracite où les gâteaux se disséminent avec extrême parcimonie sur des piédestaux, comme des sacs à main griffés. Les dressages tutoient la haute couture comme ces lamelles de rhubarbe confites ou cette création au miel alvéolée comme une ruche. Rien de surprenant : le cofondateur de Momzie, Thomas Bellego, a fréquenté les grandes maisons de la mode. L’autre maître à bord, c’est Raamin Samiyi, ancien chef pâtissier des réputés Pilgrim et Neige d’Eté.
Comme on pouvait le craindre, les prix sont à la hauteur du décor. Entre 8 et 10 € pour un donut, ça fait tousser, mais on se calme au fur et à mesure de la dégustation. Car la qualité des fruits secs, thés, agrumes ou fleurs utilisées est irréprochable, tout comme la base du beignet, au levain, ce qui donne un aspect très léger, très moelleux, ni sec ni gras (le secret : une friture dans un bain d’huile de coco).
Pas de glaçages arc-en-ciel ou de paillettes de chocolat. Raamin décline une gamme très élaborée, qui explore des thèmes qui donnent aux donuts des noms évoquant les maisons de mode ou la scène ballroom. Comme ce Mother of Provence à l’huile d’olive et la lavande, celui au yuzu et thym frais, ou le Mother of pecan, un des sommets de la gourmandise parisienne actuelle. Un endroit exceptionnel dans tous les sens du terme : on n’ira pas tous les jours, mais il mérite largement une visite.