Solange Knowles / © DR
Solange Knowles / © DR

Nappy : black is beautiful

Le mouvement qui mêle nature et bonheur ne finit plus de faire des émules, bien dans leur peau.

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On se souvient de l'article paru dans le numéro du 13 janvier 2012 du magazine Elle, affirmant l'émergence tant attendue d'une « élégance noire » avec Michelle Obama, grâce à qui le chic serait enfin devenu « une option plausible pour une communauté jusque-là arrimée à ses codes streetwear ». Un point de vue qui avait suscité tout l'intérêt critique de nombreux internautes et journalistes, notamment d'Audrey Pulvar. La courte vue de cet article a eu au moins l'intérêt d'interroger les normes esthétiques établies par l'industrie de la mode occidentale et leurs effets concrets chez les Noirs. 

Nappy, Késako ?

Les années 1950
Le mouvement nappy est lié à l'histoire des afro-américains et s'inscrit dans la lutte pour les droits civiques et l'affirmation culturelle des descendants d'esclaves avec le Black Power. Dans les années 1960, l'arrivée des cosmétiques et du défrisage sont interprétés comme un déni des origines africaines et des déplacements forcés des ancêtres des Noirs américains.

Les années 1970
Des Black Panthers à Jimi Hendrix ou encore Angela Davis, la coupe de cheveux afro prend le contre-pied de la tendance précédente au lissage. La coupe « à la Jackson Five » a pour symbolique le refus des codes sociaux imposés de fait par les Blancs et des normes esthétiques occidentales qui vont avec et qui incitent à la hiérarchisation entre les groupes sociaux.

Et maintenant ?
Si l'impact politique et culturel semble amoindri, les aspects esthétiques gardent quant à eux toute leur vigueur. On remarquera que le mouvement nappy français, sur Internet notamment, ne touche guère plus que les femmes. Si l'on sait que les communautés afro en France accordent un budget beaucoup plus important que les communautés blanches en produits cosmétiques, on peut saluer le mouvement nappy ''Nature and happy'' qui a le mérite de valoriser ce que la nature a créé, loin de l'industrie cosmétique.

Peu de sites théorisent l'idée nappy en français, beaucoup en revanche s'attèlent à créer une nouvelle esthétique noire libérée des modèles blancs occidentaux à copier (cheveux lisses, peau pâle, couleurs de vêtement sobres, etc.). On regrette que là encore ces sites soient paradoxalement saturés de publicités cosmétiques. Que voulez-vous, ce secteur ne lâche pas une clientèle fidèle si facilement... Et la frontière semble floue chez les bloggers nappy, entre mouvement de libération du cheveu, messages d'acceptation de son propre corps, et bon vieux marketing !

Des blogs et des boucles

Il suffit de creuser un peu le sujet, de fouiller un peu la toile pour s'apercevoir que même si le phénomène est plus puissant aux Etats-Unis qu'en France, il fait de nombreux adeptes en Europe. Certainement grâce à cette génération de nouvelles chanteuses R'n'B à la sophistication plus émancipée. Janelle Monae, Solange Knowles ou encore Jetta arborent ainsi leurs boucles comme d'autres la taille 0. Pas étonnant que la blogosphère s'y soit mise.


Pour preuve le superbe blog de Diane Audrey Ngako Thacrunch, un espace de partage où l'on croise une série de portraits street-style très réussie ou encore celui très mode de Mélocy M'Bem Di ForaLes communautés Facebook fleurissent aussi, offrant aux nappies une mine de conseils et de tuyaux pour dompter leurs cheveux ondulés.


Quant aux boutiques, il en existe principalement deux à Paris. Bellebene dans le 20e, où l'on trouve une quantité non négligeable de produits importés des US, et Les Secrets de Loly, dans le 12e, une adresse incontournable pour qui souhaite se procurer des soins artisanaux, évidemment sans tous les composants chimiques fortement décriés par la cause nappy.

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