Avec une sélection de produits aussi brillante, cette boutique du Haut-Marais aurait pu s’appeler Trésor. Mais c’est finalement Trevor, ce qui fait moins chihuahua et un peu plus viril. Le propriétaire, Laurent Villena, se fait un plaisir de raconter l’histoire de chaque produit qu’il propose dans son antre ouvert en mars 2015 pour combler un manque de concept-stores pour hommes. Son choix large, du fauteuil au caleçon seconde peau, a pour ligne directrice « l’élégance et la qualité de produits éco-responsables ». On y fonce pour les cadeaux, qu’on peut aussi se faire à soi-même, surtout quand on est amateur de graphisme et d’architecture.
Abordables et qu'on ne voit pas ailleurs, les carnets en papier japonais du Typographe fabriqués en Belgique, le réceptacle modulable en carton à construire soi-même imaginé par le jeune Atelier 1.1 (20 €) ou une collection de préservatifs à la décoration graphique lancée par trois sœurs (12 € les deux avec la boîte en métal) donnent le ton. La griffe Architecture du Désir réalise quant à elle le fantasme de tout architecte en transformant des maquettes en bijoux ou objets de décoration, son équerre de maquettiste pour gaucher ou droitier aux airs de lingot d’or (99 €) étant le présent ultime. Valables pour tous les hommes qui aiment se parer, les bijoux français ont le droit ici à une belle vitrine notamment les ancres en argent massif de Thomas V (175 €), les joncs du Marseillais Pure & Wild (129 €) qui font de l’œil aux jaloux/ses avec leurs inscriptions « You’re Mine ». Les bracelets en alu brossé de Stella On The Moon fabriqués à Paris font aussi leur petit effet pour un plus petit budget.
Trevor chausse aussi ses clients, en espadrilles d’origine espagnole aux motifs pixellisés, indémodables Spring Court ou sneakers suisses de la marque 8Js. On passe à la cuisine où les bols, au fond desquels on trouve des femmes nues sans vulgarité, ont tout pour séduire et où les verres à whisky tourbillonnent sur la table. Les tasses en porcelaine anglaise s’amusent des polices de caractère : c’est le cadeau rêvé pour les pots de départ entre graphistes, si on oublie que la plupart d’entre eux sont en freelance et donc sans collègues avec qui organiser ce type de festivités.
La lessive pour homme rétablit un peu l’équilibre du marketing genré, son odeur enivrante est à tester et à l’appréciation de chacun. Coussins cousus avec des tissus de récup, rasoir au manche sculptural conçu par un verrier, t-shirt designé par un fils d’Alain Prost, vinyles de musiques de films, eau de parfum inspirée par Sade ou Jules Verne, tout chez Trevor a une histoire qui a du chien. C’est aussi ça le shopping du futur : l’origine du produit est traçable et le storytelling au petit soin : très fort.