Cette minuscule boutique de photographie n’ouvre que sur rendez-vous, mais ne vous laissez pas refroidir pour autant. Sa propriétaire Emmanuelle Fructus, en plus d’y cacher une affriolante collection de livres rares du huitième art, y couve une mine d’or de photos anonymes. Une véritable galerie qui ravira les amateurs de clichés saisis par on ne sait trop qui, on ne sait trop quand – entre la fin du XIXe siècle et avant-hier.
Les marchands et collectionneurs sont nombreux à se ruer, aujourd’hui, sur ces instantanés uniques qui, au fil des années, sont passés de main en main, oubliant peu à peu le nom des modèles et du photographe qui les ont mis au jour. C’est là qu’Emmanuelle (comme, entre autres négociants, la galerie Lumière des Roses à Montreuil) intervient, exhumant les images de parfaits inconnus pour les présenter à d'autres parfaits inconnus. Dans l'espoir de les voir s'envoler vers de nouveaux destins, tout en gagnant, peut-être, en reconnaissance artistique.
Et madame a du flair : chaque image, des scènes de baignade des années 1950 aux portraits de famille de fin de siècle, dégage quelque chose de si frappant qu’on la verrait bien épinglée sur les cimaises d’un musée.
Un livre – une image prête aussi ses murs à des artistes contemporains (comme Céline Duval, Philippe Jusforgues, Coco Fronsac ou Valentine Fournier) qui ont recours à la photographie anonyme dans leur travail.