Ibrahim Maalouf revient sur le devant de la scène – et pas n’importe laquelle, celle de la Salle Pleyel – avec ‘Wind’, un album basé sur un concept totalement différent de sa trilogie d’album en « dia » : ‘Diaspora’ sorti en 2007, ‘Diachronism’ en 2009 et ‘Diagnostic’ en 2011. Cette fois, le trompettiste franco-libanais virtuose joue en quintet, avec des pointures new-yorkaises : le saxophoniste Mark Turner, le contrebassiste Ira Coleman, le batteur Clarence Penn et le pianiste Franck Woeste qui s’est occupé des arrangements de l’album. A travers cet opus imaginé comme la bande-son du film muet ‘La Proie du vent’ de René Clair sorti en 1927. « En 2010, lorsque la Cinémathèque française m’a proposé de choisir un film je n’imaginais pas que cette expérience allait concrétiser plus que jamais deux rêves que j’avais depuis si longtemps », explique Ibrahim Maalouf. « Le premier était de composer une musique de long métrage. Avec un film muet pas d’interdits, pas de règles, juste une cohérence artistique à trouver. Le second était d’écrire une musique qui pouvait profondément s’inspirer de Miles Davis dans ‘Ascenseur pour l’échafaud’ de Louis Malle, avec cette trompette à quart de tons. » Maalouf transpose ainsi le souffle du vent, le voyage, la mélancolie de l’éloignement, la sensualité, le mystère à travers cette musique d’atmosphère. Car le héros du film originaire d’un pays imaginaire « La Libanie » est un pilote d’avion qui connaît la tempête avant de découvrir l’amour.
Issu d'une famille de musiciens, Ibrahim Maalouf s'affranchit de sa formation classique baroque au conservatoire pour multiplier les expériences en big band de jazz. Il monte un groupe singulier de jazz oriental baptisé Farah, puis se passionne pour des expérimentations de fusion des genres musicaux. C’est en jouant avec la chanteuse franco-péruvienne aujourd’hui disparue Lhasa de Sela, qu’Ibrahim découvre la fusion électro-jazz. Il est sollicité par de nombreux artistes comme Salif Keita, Amadou et Mariam, Matthieu Chedid (-M-), Bumcello, Arthur H, Sting, Piers Faccini pour jouer le sideman et créer des compositions hybrides qui l’inspireront pour composer sa trilogie. Son style aux frontières du jazz et des compositions de musique arabe classique le démarquent, notamment grâce à sa trompette à quart de tons donnant des sonorités orientales. Poussant loin les expérimentations dans la fusion des styles, Ibrahim sort ainsi ‘Diaspora’ qui mélange jazz oriental, rock et funk, ‘Diachronism’, un opus de recherche et d’expérimentation et ‘Diagnostic’, qui mêle jazz, musiques arabes, rock, hip-hop et même metal, batucada brésilienne et quelques airs de piano classique. Dans cet album, il chante et joue des claviers, slame le texte écrit par Oxmo Puccino pour sa mère dans "Douce", mêle pop et fanfare balkanique sur "Will Soon Be a Woman" et insère des passages metal sur "We'll Always Care About You", une reprise de Michael Jackson et surtout interprète "Beirut", le dernier titre de l’album évoquant les stigmates de la guerre violente qu'il a gardée en mémoire.
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