Hot Spot (illustration Hélène Builly) pour Laurent Garnier, 'The Cloud Making Machine', 2004 / Communications / Vinyle / © DR
Hot Spot (illustration Hélène Builly) pour Laurent Garnier, 'The Cloud Making Machine', 2004 / Communications / Vinyle / © DR

La French Touch en images

Diaporama

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Article rédigé le 9 novembre 2012 pour l'exposition French Touch. Graphisme / vidéo / électro au musée du Louvres.

Rien que par son surnom, la scène électro française qui émerge à la fin des années 1990 recèle un paradoxe : « french touch », dans la langue de Shakespeare, résume bien un mouvement hétéroclite, à la fois profondément français et très fortement marqué par la culture anglo-saxonne. Alors, quand l'émergence des petits labels ou la démocratisation des ordinateurs et des home studios permettent à l'électro made in France d'éclore, cette éruption s'accompagne d'une esthétique inédite dans l'Hexagone. Il faut inventer une identité visuelle pour cette musique désincarnée, sans instruments ni chanteurs, qui se place en plus en opposition au star-system. Et là encore, c'est du côté des Anglo-Saxons qu'il faut chercher les influences graphiques de M/M, H5, La Shampouineuse ou Alex Courtès, qui trouvent auprès de l'Anglais Peter Saville, designer de la Factory de Joy Division, ou du maître de la typographie, l'Américain Ed Fella, des modèles marquants.

Pour donner corps à cette réflexion, le musée des Arts décoratifs a travaillé une scénographie rétro-futuriste ludique, entre cubes métalliques étincelants et murs décrépits de vieil immeuble haussmannien squatté. Le parfait écrin pour rendre compte de la richesse d'une poignée d'années dont le foisonnement transpire sur les pochettes de disques, les affiches, et les flyers réunis pour l'occasion. Le tout dans un parcours sonorisé au rythme d'une bande-son irréprochable, complétée par une sélection de clips révélateurs de l'inventivité de cette frange électronique qui passe, en quelques mois, de l'underground à la lumière des charts.

Reste qu'il est difficile de trouver des lignes directrices à cette production éclectique, entre le classicisme raffiné de Air et la techno exubérante de Laurent Garnier. On retiendra l'importance de la typographie, la domination d'une « anti » photographie brute, amateure et documentaire, ainsi que la tentative constante de fusionner des éléments graphiques futuristes avec des clins d'œil nostalgiques, détournements de la culture populaire, de la publicité des fifties ou des comics, comme Cassius le super-héros. La dérision, l'ironie et le recyclage dominent logiquement l'esthétique d'une musique faite de samples, de copier-coller et d'hybridations. Daft Punk, avec ses titres enivrants, ses membres planqués sous des masques, ses pochettes dépouillées, son logo hard-rock et ses clips léchés signés Michel Gondry, apparaît comme la quintessence de ces années d'explosion. « Sacrés Français », comme disait Dimitri From Paris.
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