Pitchfork 2014 / Jour 1 : James Blake, Jon Hopkins, Mogwai, The War on Drugs, The Notwist...

  • Musique, Rock et rock indé
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Time Out dit

Pour ce premier jour de festival, le Pitchfork fait preuve d'un certain romantisme en invitant les douces voix de James Blake et d'How To Dress Well à se produire sur la scène de la Grande Halle. Mais elle a également fait preuve d'une grande finesse en offrant aux Allemands de The Notwist la possibilité de prouver qu'ils représentent le chaînon liant l'électro du producteur anglais Jon Hopkins au rock arty de Mogwai, d'Ought ainsi que des Philadelphiens The War On Drugs pour une soirée qui s'étire joyeusement du R&B anglais au classic rock de l'ancienne formation de Kurt Vile.

Depuis son second album 'Overgrown', James Blake semble marcher sur l'eau. Ce petit génie de la scène londonienne, figure du post-dubstep, enchaîne en effet les productions brillantes comme 'Take A Fall For Me', tout en réussissant à imposer une patte unique, délicate, épurée, glaciale, qui s'articule sur des morceaux comme "Retrograde" autour de synthétiseurs saturés et de basses imposantes. Crooner d'un genre qu'il domine aux côtés de Mount Kimbie, Blake en repousse sans cesse les limites, lui insufflant incessamment des inspirations soul et hip-hop. En témoigne son tout dernier morceau "200 Press", présenté en exclusivité sur la BBC1 où il dispose d'une résidence très populaire, et sur lequel on retrouve toutes les influences diverses qui font l'unicité et le succès de la musique de Blake, d'ailleurs récompensé en 2013 par le grammy award du meilleur nouveau artiste. Une reconnaissance méritée dont s'étonne encore ce chanteur ayant déjà collaboré avec RZA, Chance The Rapper, Bon Iver, Mount Kimbie et, semble-t-il, Kanye West sur son prochain album. Egalement capable de reprendre Joni Mitchell sur scène comme ce fut le cas pour l'édition 2012 du Pitchfork, le chanteur a fait du festival l'un de ses terrains de jeu préféré. Avec, on l'espère, une nouvelle surprise à la clef cette année.

Découvert pour sa part au sein de Imogen Heap, le Londonien Jon Hopkins s'est fait connaître du grand public au gré de collaborations toutes plus étonnantes les unes que les autres. Citons Brian Eno, Coldplay, Tunng et surtout King Creosote, avec qui le producteur a signé un magnifique album à mi-chemin entre la folk et la musique concrète, 'Diamond Mine', sur lequel il se prête avec intelligence au jeu du field recording. Egalement capable de pistes luxuriantes progressant du dansant au transcendantal comme "Open Eye Signal", le musicien a, une fois de plus, surpris son monde grâce au récent "We Disappear", marqué par la techno et le R&B et produit en compagnie de Lulu James. Aussi mélodique que ce à quoi l'on peut s'attendre de la part d'Hopkins, le morceau suivait la transition marquée avec 'Immunity', nominé l'an passé pour le Mercury Prize. Avec des titres comme "Collider", il n'y a pas de quoi être surpris.

Plus au nord de ce qu'il reste du Royaume-Uni, les Ecossais de Mogwai ont eux aussi récemment surpris par un virage d'autant plus inattendu que l'on n'imaginait plus la formation glaswegienne capable d'une telle révolution. Grâce à des morceaux comme "Remurdered" ou "The Lord Is Out Of Control", leur dernier album 'Rave Tapes' souffle comme un vent (stellaire) de fraîcheur sur la discographie de ce quintet certes hautement influant, mais dont les productions, à la saveur typiquement post-rock, avaient fini par lasser. Flirtant désormais avec l'électro-pop de Karftwerk période 'Radio-Activity', Tycho ou le rock post-Moroder de Gap Dream sur un morceau comme "Simon Ferocious", Mogwai semble enfin avoir réussi la mue lui permettant de s'aventurer hors de la chrysalide musicale dans laquelle il n'a que trop longtemps été enfermé. Et bien que l'on retrouve rapidement la patte du groupe, le résultat, quasiment inespéré après un 'Hardcore Will Never Die, But You Will' qui sonnait à l'inverse de ce que le titre prétendait comme les funérailles du genre, n'en paraît qu'encore plus génial.

Partis eux aussi d'une base noise, le groupe allemand The Notwist, auteur du chef-d’œuvre 'Neon Golden' en 2002, empruntera un chemin électronique beaucoup plus tôt que les cinq Mogwai. Dès 'Twelve', sorti en 1995, la formation se met à intégrer à sa musique des petits éléments synthétiques, ainsi que des influences jazz et avant-gardistes à ses mélodies pop soutenues par le chant de Markus Ache. Chez les Notwist, néanmoins, les touches d'expérimentations ne se contentent pas de quelques éclairs de génie en studio. Le groupe les plante pleinement dans ses performances scéniques, jouant notamment avec des manettes de Wii, s'amusant de chaque petite note lancée dans les airs et qui, misent bout à bout, forment de somptueux passages baroques. Sur "Run, Run, Run", une piste que ne renierait pas Caribou, xylophones, orgues et saxophones tissent ensemble une magnifique envolée au milieu d'un morceau que l'on pourrait parfaitement croire extrait de l'album 'Thinktank' de Blur. Une comparaison qui tient en la nature comparable des Notwist, un groupe sombre, dansant, expérimental et pop à la fois, sans jamais que l'une de ces facettes ne vienne en étouffer un autre. Brillant, tout simplement.

Enfin, peu d'artistes ont su rafraîchir un genre avec autant de brio que How To Dress Well quand celui-ci a posé ses mains sur le R&B contemporain. Pourtant, les trois albums que ce jeune Chicagoan a déjà sortis, dont le tout dernier 'What Is This Heart ?' paru en juin dernier, ont reçu un accueil mitigé par une partie du milieu de la musique, courroucée par ces falsettos à outrance et la qualité globalement sirupeuse de sa musique. Pourtant, derrière des aspects mielleux inspirés de Whitney Houston ou de la fratrie Jackson, se cache un artiste qui, avec des titres comme 'Pour Cyril', n'a rien à envier à l'ultra-médiatisé Woodkid, dont il se montre proche sans jamais que leurs personnalités ne se rejoignent totalement. Chez l'Américain, celle-ci ressemble plutôt à un mélange de plusieurs icônes des années 1970 et 1980, piochées principalement dans la smooth funk et la pop de Michael Jackson, doublée d'une retenue dans les compositions égale à la qualité de production. Tom Krell, à n'en pas douter, sait habiller une chanson d'un rien.

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49 €
Heures d'ouverture
18h
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