C'est assis sur une chaise que l'élève voit le monde de la pensée s'élaborer et prendre vie, qu'il apprend de quoi est fait l'univers, de quelle matière il est construit. Une chaise qui le cloue au sol, qui le retient au savoir. Et c'est sur cette même assise que la troupe Galapiat prend son envol, teste son équilibre, flirte avec la chute. Un pied sur le cadrant en fer, l'autre dans le vide.
Sur la piste, ils sont cinq acrobates (la sixième était souffrante ce soir-là) à déplacer la centaine de chaises d'école qui forment une scénographie de bois et de désordre.
Pour ce ‘Château Descartes’, la compagnie de cirque bretonne ne s’est pas embarrassée d’agrès : point de roues de cyr, de bascules ou des trampolines, mais un labyrinthe de chaises, quelques cordes et des accessoires improbables, comme des patins à roulettes par exemple. Ici, tout est propice à toutes les aventures, même les plus cocasses. On circule les yeux bandés au milieu de sculptures fragiles, on se balance les pieds dans le vide, on se cogne, on se lance des objets, on en catapulte d’autres…
Si le fil narratif échappe parfois au public, l’humour décomplexé de cette jeune compagnie ne laisse, quant à lui, pas indifférent. « Ah ouais, quand même », lâche une spectatrice, les yeux écarquillés. C’est vrai, Galapiat ose. Pas tout, mais quand même. A tel point que l’on se surprend parfois à regarder les numéros avec un seul œil, plein d’appréhension. Va-t-il réussir ou tout faire tomber ? Le mystère reste entier.
Alors même si le spectacle prend parfois son temps et se perd souvent dans des scènes trop peu rythmées, il dégage une ambiance de fraîcheur et de dérision irrésistible. ‘Château Descartes’ se déguste et s’apprécie comme un bon vin. Il faut de la patience certes, mais l’attente en vaut la chandelle !