C’est comme un vieux chewing-gum qui colle à la semelle et dont on ne réussit pas à se débarrasser. Les préjugés qui entourent le cirque ont la peau dure. Malheureusement.
Pourtant, la scène y est plus vivace que partout ailleurs. Parfois chanteurs, souvent comédiens, les artistes de cirque ont plus d’une corde à leur arc. La preuve en ce moment avec un quatuor de circassiens baptisé Ivan Mosjoukine.
Ivan Mosjoukine était au cinéma russe ce que Jean Marais fut au français, à quelques détails près. Un acteur charismatique au visage sculptural capable de dompter les lumières du cinématographe. Un patronyme iconique repris comme nom de compagnie un siècle plus tard, par quatre jeunes artistes fraîchement diplômés des écoles nationales. Bien décidés à souffler un vent nouveau sur leur art, les quatre acrobates revisitent cabrioles et scénographie. Largement inspiré par les origines cinématographiques de leur « égérie » russe, leur cirque n’en oublie pas pour autant sa grammaire : acrobaties, chutes, déséquilibres et funambulisme en tête de lice. Les sauts sont vertigineux, les interventions empreintes d’humour et la mise en scène riche de dispositifs aussi créatifs qu’ingénieux. Vous n’écouterez plus Nina Simone comme avant…
Avec intelligence et vigueur, Erwan Ha Kyoon Larcher, Vimala Pons, Tsirihaka Harrivel et Maroussia Diaz Verbèke, offrent en format « post-it » soixante-neuf saynètes sur le cirque. Souvent très courtes, les « notes » s’exécutent avec maîtrise, témoignant d’une virtuosité collégiale. On assiste alors à une série de sketchs tous plus farfelus les uns que les autres – “Note sur une réaction psychologique élémentaire peu exprimable” ou encore “Note pour faire le tour de la question” – et ceci sur près de deux heures de spectacle.
Durée : 1h50