Une montagne de parallélépipèdes en mousse peuple la scène. Une drôle de forteresse grise et rose de laquelle s’échappe par petites grappes des enfants âgés de 8 à 11 ans. Hauts comme trois pommes, ils s’approchent du micro et répondent tour à tour et en flamand pour la plupart aux trois mêmes questions. Qui sont-ils ? De quel instrument jouent-ils ? Et quelle est leur scène préférée ? 13 micro-musiciens choisis par Philippe Quesne pour ‘Next Day’, spectacle réjouissant produit en collaboration avec CAMPO, un centre d’art flamand basé à Gand, en Belgique, friand de spectacles vivants.
Nous voilà donc en plein festival d’Automne, devant une scène remplie de mini-humains et d’un décor de HLM apocalyptique en 2D. Summum de mignonnerie, les jeunes artistes transportent avec eux clavier trop grand, guitare basse géante et contrebasse imposante avant de s’installer sur scène et de faire vibrer les murs du théâtre. Comme des grands, ils déplacent leur matos, règlent leurs instruments, tirent sur les fils électriques, et installent ainsi en quelques mouvements le décor désordonné de leur terrain de jeu. Observée comme depuis un microscope, cette communauté miniature vit sa petite routine. Un ballet dont on apprécie la simplicité mais qui laisse toutefois dubitatif. Bataille de cubes en mousse, invasion d’extraterrestres, reprise de Kurt Cobain : difficile de voir autre chose qu’un spectacle anecdotique, composé de scénettes. La mise en scène d’enfants artistes, aussi talentueux soient-ils, manque parfois de sous-titres, et l’on comprend mal quelle a été l’ambition de Philippe Quesne. L’ensemble manque cruellement d’émotion, mais réussit tout de même à séduire. La faute justement à ces mômes, tous extraordinaires, tous adorables, tous très touchants. Alors vous n’aurez peut-être rien « compris » en sortant, mais vous aurez assurément le sourire.