Le théâtre de Pippo Delbono ne laisse pas indifférent. Il émeut. Il déchire. Il détient une beauté à la fragilité dure, une puissance tourbillonnante. Chacun de ses spectacles devient alors une sorte de rituel que l’on ne manquerait pour rien au monde. Parce qu’au fur et à mesure des années, Pippo, Bobo et les autres sont devenus comme une famille. Des parents que l’on ne voit pas assez et que l’on est toujours heureux de retrouver.
Après l’émouvant ‘Doppo la battaglia’, après ‘Amore carne’, Pippo revient avec ‘Orchidées’, pièce en forme de voyage à travers l’âme humaine... Lors de notre rencontre en juin 2013, le metteur en scène italien nous confiait la difficulté avec laquelle il vivait depuis la mort de sa mère. ‘Orchidées’ évoque ainsi ce sentiment prégnant d’être déboussolé, « d’avoir perdu des choses précises, le sens du théâtre, de la représentation ». « L’orchidée, tu ne sais jamais si c’est vrai ou si c’est un mensonge » raconte l’homme de théâtre. Pour son spectacle, Pippo Delbono a fait appel au théâtre bien sûr, mais également à la danse, à la télévision et à la photo. Il a convoqué des pontes de l'écriture (Shakespeare, Tchekhov, Kafka, Neruda) et a mixé tout ça à son quotidien, à ses réflexions de révolutionnaire au grand cœur. « Un mélange explosif dans lequel tu retrouves le sens du théâtre et celui de la vie. » Loin, très loin, d’un spectacle dialectique, ‘Orchidées’ aborde tout (ou presque) : mariage gay, corruption politique, héritage maternel, amour, mort. On y entend quelques minutes de ‘Nérone’, l’opéra de Pietro Mascagni. On y retrouve la frise dansée de la pièce ‘1980’ de Pina Bausch. On y vend des reproductions de Manet et on danse, ensemble. Un méticuleux travail de composition sur un plateau nu. Tout l’art de Pippo Delbono pendant plus d’une heure et demie. Un spectacle bavard mais qui ne parle que de l’essentiel.