Roméo et Juliette, les jeunes amants fougueux de Vérone, reviennent dans une version aux accents japonais. Rendez-vous donc au Théâtre 71 de Malakoff où Omar Porras, metteur en scène colombien installé en Suisse, n’a pas hésité à retranscrire le mythe des éternels amoureux au pays du Soleil Levant. Au travers de la haine entre les familles Capulet et Montaigu, c’est à un véritable choc culturel qu’on assiste.
Le choc, parlons-en. D’un côté, l’énergie et la frénésie de l’Europe, le théâtre de tréteaux et les bouffons, de l’autre la tranquillité de l’Asie et le jeu lent et réfléchi de ses acteurs respectueux de la tradition. Ces deux versants de la planète vont nous raconter comment Roméo Montaigu rencontre Juliette Capulet à un bal, comment ils tombent éperdument amoureux l’un de l’autre et se marient en secret. La suite est faite de duels à l’épée et de meurtres entre les deux familles, de mensonges, d’exil, de vengeance et de potions aux pouvoirs étranges. Et avant que vous posiez la question, non, tout n’est pas bien qui finit bien, il s’agit quand même d’une tragédie…
Le théâtre traditionnel asiatique a aussi son lot de morts et d’amours interdites et le spectacle, joué par des comédiens européens et japonais, permet d’exalter à la fois les beautés et les différences de chaque culture. Si Omar Porras fait mouche en nous transportant au Japon, c’est sans doute parce que 'Roméo et Juliette', après tout, c’est simplement l’histoire tourmentée de la rencontre de l’Autre.