Importé tout droit du Japon, et s’inspirant à l’origine du ju-jitsu, ce bondage version nipponne consiste à attacher son partenaire comme pour tisser des liens avec lui. Largement récupéré par le milieu SM à des fins sexuelles, cet art s’en détache pourtant radicalement. Il suffit de se rendre dans un cours pour briser ses derniers préjugés. Pas de menottes ni de fouet ou d’habits noirs en cuir près du corps. Pas même l’ombre d’une exaltation charnelle. La volonté affichée ici est clairement de délaisser le cul pour se concentrer sur l’essentiel : se ligoter.
Le topo ? Des cordes, des nœuds, une suspension, et un état proche de la méditation. Car du calme, il en faut lorsque je m’installe au centre de la pièce destinée à l’exercice. Je vois les poulies et l’air déterminé de mon maître, autant le dire : ça rigole pas trop ici. Peu à peu, Daniel, aux commandes, me crée un corset de “ropes” en chanvres autour de la poitrine, “très serrées pour pouvoir te monter en l’air sur la poulie”. Je panique, je suffoque mais très vite, l’une de ses amies présentes me rassure : “Laisse-toi aller, il faut accepter cette sensation et ne pas lutter.” Chose dite chose faite, me voilà ligotée de la tête aux pieds, digne d’un saucisson ariégeois Label rouge.
Et bien que cette sensation soit nouvelle, je sens un équilibre entre moi, mon corps qui plane, les cordes qui serrent et Daniel. Oscillant entre panique et plénitude, la suspension ouvre des portes vers d’autres sensations, flippantes mais intrigantes. À quelques détails près : la seconde partie de la session nécessite une constriction forte pour immobiliser totalement le corps. Je valide moins, trop de pression, de réflexes de protection – mon lâcher-prise reste encore à travailler même si je suis fière du chemin parcouru. Prochaine étape ? A la fois totalement séduite et un peu sous le choc, je quitte la pièce à moitié planante mais bien décidée à tenter d’autres expériences de ce type. Car disons-le : le shibari nécessite des semaines de travail. Et ouvre un univers qui regorge d'innombrables voies artistiques.
Compter 100 € le voyage de deux heures.
Le plus : Vous volez encordé à une poulie. Rien que ça, on dirait un Kamoulox !
Le moins : Déconseillé aux claustrophobes, le lâcher-prise est primordial.
Où trouver ? Sur rendez-vous avec plusieurs spécialistes du shibari. Infos à retrouver notamment sur le site ou la page Instagram de Seb Kinbaku.