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100 % : le nouveau festival de La Villette

Danse, cirque, expos, débats... La culture envahit les cinquante-cinq hectares de La Villette du 22 mars au 10 avril.

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Imaginez un festival qui prenne possession du parc de La Villette. Qui investisse la toile des chapiteaux, les rectangles de verdure, la Grande Halle et l’intrigant WIP. Imaginez un festival qui ne se cantonne pas à un art mais qui puise sa matière dans le cirque, le théâtre, les arts plastiques et la danse. Sur le papier – pour le moment en tout cas –, le festival 100 % titille la curiosité. Exit Hautes Tensions (qui réunissait danse, cirque et hip-hop). Dorénavant, à La Villette, au printemps, il faudra compter sur 100 %, un festival pluridisciplinaire exigeant. « Tout l’ADN de La Villette décliné sur trois semaines. »

Pour la première édition du festival, Didier Fusillier et son équipe ont mis les petits plats dans les grands en programmant à la fois des spectacles, des formes courtes, des expositions et tout un forum de discussions, débats, projections et ateliers.

Côté culturel, le ballet d’artistes donne le vertige : de la danse/théâtre avec le chorégraphe Wim Vandekeybus, du théâtre engagé avec La Coma – Michel Schweizer, du cirque en compagnie du Nouveau cirque du Vietnam et une batterie de plasticiens internationaux exposés, de Kris Verdonck à Clémence Seilles. L’occasion de rencontrer des grands noms et d’en découvrir de nouveaux. Un territoire inédit à explorer et la promesse d’un milieu culturel foisonnant. 

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Notre sélection

Parler d’amour, tout un programme. Pour ce nouveau spectacle (la première a eu lieu à Mons le 7 juillet 2015), le chorégraphe belge Wim Vandekeybus nous parle d’amour avec humour et fantaisie. Majorettes, fanfare, guitare électrique… L’électrocardiogramme de la Grande Halle risque de subir quelques rebondissements.

Grande Halle • Du 5 au 9 avril • Durée : 1h20

Hip-hop • Golden Stage
Hip-hop • Golden Stage

Depuis quelques années déjà, les danses urbaines font vibrer les murs de La Villette. Pas étonnant donc que l’on retrouve le hip-hop au centre de la programmation de 100 %. Une immersion totale que l’on doit au format Golden Gate, une scène entièrement dédiée aux formes courtes (autour de quinze minutes). Popping, b-boying, électro… Des projets performatifs qui soulignent la diversité des énergies du genre.

Grande Halle • Du 31 mars au 2 avril • Durée : 2h

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Approchez ! Approchez ! N’ayez pas peur… Enfin, si. Bien intitulé, le spectacle de Jakop Ahlbom (aucune idée de la prononciation) risque de répandre un large frisson dans le public. Il faut dire que tous les codes du film d’horreur sont ici réunis : un décor de maison hantée, une disparition mystérieuse et quelques litres d’hémoglobine. Un spectacle hitchcockien hors norme !

Grande Halle • Du 30 mars au 3 avril • Durée : 1h20 

Quatre musiciens, dix-sept acrobates : le Nouveau cirque du Vietnam hisse son chapiteau au cœur du parc pour un spectacle somptueux, et de taille ! Dans cette seconde création, la mutation d’un petit hameau paisible en une cité moderne et tumultueuse. Un récit raconté en danse, acrobaties et jongleries et largement inspiré du Cai Luong, un théâtre chanté du Sud Vietnam. Un spectacle à la fois esthétique et acrobatique qui ravira sans nul doute les mirettes du public parisien.

Espace chapiteaux • Du 29 mars au 17 avril • Durée : 1h 

Notre sélection 100 % Expo

‘ADA’ • Karina Smigla-Bobinski

Elle flotte dans l’espace blanc d’une salle étriquée tel un gros virus. Cette sphère aux piquants de fusain n’a toutefois pas vocation à rester suspendue au bout de son filin : elle permet en effet au visiteur de s’impliquer pleinement dans le processus artistique lorsqu’il la balance contre les murs de la pièce. Ceux-ci s’en trouvent alors griffés de dessins comme autant de témoignages du jeu de rebonds produit par cette boule ‘ADA’. Des traits noirâtres soulignant ainsi que dans « récréatif » il y a « créatif ». 

‘The Nail Polish Inferno’ Born Digital • Geoffrey Lillemon

La réalité augmentée est à la mode. L’artiste américain Geoffrey Lillemon l’a bien compris en développant cette œuvre immersive. Assis sur de grands trônes bleu ciel, affublé d'un casque visio et audio, on plonge dans un univers bigarré et outrancier où les êtres sont transfigurés en monstres hybrides. Dans ce spectacle surréaliste, voire dérangeant, on se déplace librement à l’aide de boutons. Traveling, zoom avant, zoom arrière, contre-plongée… On crée son propre film en même temps que l’on vit une expérience psychédélique en trois dimensions. Attention au mal de couleurs !

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‘ISOS’ • A Two Dogs Company et Kris Verdonck

Pour saisir la portée de l’installation vidéo de ce collectif venu de Belgique, il faut monter sur un marchepied et plonger, tête la première, dans l’imaginaire intrigant que recèlent neuf caissons de bois plantés telle une forêt. Ainsi, dans cette position quasi recueillie, on observe de haut des scènes 3D aussi étranges que fascinantes. A l’image de Dieu penché sur ses misérables créatures ou d’un scientifique regardant par l’oculaire de son microscope, on admire un couple devant sa télé puis en train de dîner, le mari s’évertuant à ouvrir une boîte de conserve récalcitrante. Ou bien encore un homme riant à l’horizontale et deux banquiers en train de s’écharper. Capturé grâce à la technique du kinéscope, ce court-métrage flirtant avec les récits fantastiques de James Graham Ballard se joue également des perspectives et offre au spectateur le bon soin de son montage. Une structure différente à chaque personne et à chaque passage qui livre ainsi une multitude d’interprétations.

‘Light Machine’ • Xavier Veilhan

Vu de loin, on croirait un tableau de Philip Barlow, caractérisé par ses contours flous et sa luminosité puissante. Mais en vérité, lorsqu’on s’approche, on constate qu’il s’agit d’un mur de 1 028 ampoules diffusant un film conceptuel, réduit à ce même nombre de pixels. Contre toute attente, la profondeur des images reproduites grâce aux contrastes du rayonnement et aux intensités diverses des lampes interpelle et nous happe. On parvient même à distinguer des détails et des ombres sur les visages projetés sur cet écran très particulier.  

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‘Rationalized Room Being Rational’ • Neil Beloufa

L’œuvre de ce jeune artiste trentenaire se dresse comme un bâtiment laissé à l’abandon ou comme une maison rongée par le feu et dont il ne resterait que le squelette calciné. Surplombant la Grande Halle, on la voit de loin et autant dire qu’elle impose sa large charpente de fer, qui semble pourtant si fragile. Croquis 3D, esquisse préparatoire d’architecte matérialisée, l’édifice est peuplé d’objets du quotidien (vaisselle, vélo, échelle, râteau…) et de silhouettes filiformes qu’on a l’impression de déranger dans leur intimité. Pourtant, à cause du magnifique et flamboyant reflet de ‘Light Machine’ embrasant les morceaux de résine disséminés çà et là dans sa structure, on ne peut s’empêcher de se montrer voyeur.

Prévue pour être exposée en extérieur, l’œuvre aurait cependant eu une dimension encore plus spectrale en plein air. Ce qui est dommage.

N'oubliez pas d’aller faire un tour au WIP et à La Folie L5 de La Villette, non loin de la Grande Halle, où des performances live et des expositions aussi intelligentes qu’impertinentes sont également présentées.
Tarif : de 5 à 8 €.
Gratuit pour les détenteurs d'un billet spectacle du festival.

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