Pour qui ? Bah du coup personne.
Voir quoi ? Bah du coup rien.
Au début, ça devait être un spectacle sur la ruralité. Mais parce que trop ambitieux, parce les aléas de la création, Jacky (incarné par Fabrice Adde) se retrouve seul en scène pour un projet à destination des entreprises et centré sur la prise de parole en public, clé du bonheur et de la productivité.
Sur le papier, 14 Juillet est un projet séduisant à la forme hybride, quelque chose entre un one man show déphasé et du théâtre lo-fi. Mais voilà, il suffit d’un premier geste, d’un premier mot pour se rendre compte de la supercherie. Un comédien à la présence gêné se ramène et nous prévient d’emblée : « ça risque d’être médiocre, pardon d’avance ».
Au final, il s'agit d'un spectacle sur l’incapacité à s’exprimer et sur les prétendues difficultés de l’art à pouvoir dire encore quelque chose. Mais leur réponse n’est pas vraiment à la hauteur : si on ne peut plus rien dire, plus rien faire, disent-ils, alors ne disons et ne faisons plus rien.
14 Juillet est une suite de micro-scènes qui s’enchaînent aussi vite qu’elles tombent à l’eau. Du théâtre anti-message (ce qui est en soi un message) où rien ne résiste, pas une histoire, pas un geste, pas une pensée. Il n’aborde pas les sujets sensibles parce qu’ils sont sensibles, il n’aborde pas les sujets puisqu’ils sont des sujets. Il n’éveille aucune conscience -ce qui n’est pas si grave- mais ce qui est embêtant c’est qu’il n’éveille rien (en plus on n’a pas rigolé, pas une fois). Ici rien n’est beau, rien n’est justement moche, tout est rien. Et ce rien-là n’est pas assez. Alors oui, si le théâtre est mort, on sait qui aura mis le dernier coup de couteau.