Pour qui ? Ceux qui croient encore aux Molières
Voir quoi ? La pas fine fleur du théâtre privé
Haffmann est un commerçant juif pendant la Seconde Guerre mondiale. Pas besoin d’avoir vu un film de Chaplin pour savoir que ce n’est pas la meilleure des situations. Mais après discussion avec son employé Pierre, les deux hommes parviennent à un accord. Haffmann peut rester caché dans la cave s’il accepte de faire un enfant à la femme de Pierre, ce dernier étant stérile. Deal de boulevard en temps de guerre.
Après un succès retentissant aux Molières 2018 (preuve, s’il en fallait encore, que ces prix-là ne valent pas grand-chose), Adieu Monsieur Haffmann prolonge son marathon au Théâtre Rive Gauche. Mais on pèsera nos mots en disant qu’on a souffert. Il s’agit là de la moins belle face du théâtre sérieux-privé, celle qui retient la poussière et s’essaye aux traits d’humour peu gracieux. Oui, Haffmann est un spectacle bouffon, avec une tendance au boulevard assez gênante (ici l’amant n’est pas dans le placard mais dans la cave).
Et puis ce sinistre visuel (décor, costume, lumière) assez déconcertant. Évidement tout ça est de circonstance, mais ce n’est pas vraiment suffisant pour avoir envie de suivre, ni pour avoir envie de garder les yeux ouverts. Puis ces péripéties sont si petites face aux désastres de l’Histoire. Elles ne mènent pas au bout la vraie tentative, celle de mettre en scène la peur. La peur, on ne la voit ni ne l’entend jamais. Et c’était la seule perspective historico-dramaturgique intéressante du spectacle. Les retournements de fin n’y changeront rien (la pièce parle en fait des tableaux d’Otto Dix) et Haffmann restera aussi insipide que ses solos de claquette introspectifs ratés. Adieu Monsieur.