Avant de jouer au Théâtre de la Renaissance pour près de deux mois à partir de janvier 2023, Fary a offert à ses fidèles une petite Sainte-Trinité de dates en avant-première. Trois Dôme de Paris (près de 5 000 places) à guichets fermés, trois premières parties (l’homme aime se faire désirer), et un spectacle en triptyque évoquant respectivement Paris, le voyage, et son rapport à l’amour. Si l’on doutait encore du “God complex” de l'humoriste qui se lave et se nourrit à l’ego trip, on ne le remet désormais plus en question. Et au vu de la foule compacte venue l’admirer jusqu’au point le plus lointain de l’Ouest parisien (un véritable pèlerinage), on est en droit de se demander si l’on ne va pas rencontrer le Messie.
Alors voilà, on n’a pas vu la Vierge et notre vilaine Ecocup d’eau ne s’est pas transformée en vin, mais on ne va pas le nier, le bougre est vraiment drôle. Debout, devant des volutes de fumée bleutées et au milieu de milliers de personnes qui semblent avoir du mal à réfréner leur enthousiasme (une spectatrice en transe s’est mise à hurler son nom en plein milieu du show, une autre a dû quitter la salle pour se précipiter aux WC), Fary dégage une énergie de rock star et semble être devenu notre Johnny national de la vanne. C’est que l’humoriste a un certain génie…
Dès les premières minutes du spectacle, quand Fary dépeint son fief de Strasbourg-Saint-Denis à grand renfort d’anecdotes démentes que même Serge le Mytho n’aurait pas osé inventer, on a l’impression d’être avec ce pote trop marrant qu’on ne voit décidément pas assez souvent. Alors oui, Fary est ce charo un peu énervant (on se permet, puisqu’il évoque surtout sa difficulté à s’astreindre à la fidélité) qui peut donner des sueurs froides aux Jean-François La Morale. Mais au fil des rires, il parvient à créer une vraie proximité avec son public en faisant preuve de sincérité, et le moins qu’on puisse dire, c’est qu’on se sent bien avec lui. Avis aux amateurs et aux serials trompeurs, avec Aime-moi si tu peux, le stand-upper semble être arrivé à l’apogée de son art. Farygole plus (oups) !