Connaissez-vous la différence entre un anachrome, un monochrome, une boîte remplie d’excréments humains et une toile blanche tranchée à coups de cutter ? Ce sont toutes des œuvres d’art hors de prix. Comment le savons-nous ? En se rendant au Studio des Champs-Elysées. Sur place vous rencontrerez le plus féroce des critiques d’art : Alex Vizorek.
Armé de son cerveau, posé soigneusement sur un tabouret, un fauteuil en skaï pour se donner une belle contenance, l’humoriste belge déconstruit sur une heure et demie de spectacle notre vision de l’art et surtout notre appréhension. Des fauvistes à Monet, de Magritte à Visconti, du cinoche aux sculpteurs, tout le monde y passe. Grâce à un humour à la fois insensé et terriblement bien ficelé, c’est un véritable exercice de style plutôt qu’un one-man show classique qu'il présente. Malgré ses singeries d’universitaire en plein cours magistral, il parvient même à nous attendrir en discutant des philosophes allemands et réussit à rendre ce cher Bergson et son analyse indigeste du rire particulièrement cocasse.
L’humoriste installe un dialogue avec son public, réfléchit à haute voix sur ses passions artistiques, propose même le débat. On trouve sa place dans l'humour chic et élégant de Vizorek, qui aime aussi livrer quelques petites boutades bien grasses de son cru « pour rééquilibrer le spectacle », précise-t-il. Tout fonctionne, personne n’a le temps de souffler, le rythme est soutenu et formidablement jubilatoire. Alternant bons mots, mime, imitations et singeries, Alex Vizorek s’approprie la scène avec une entrée en matière tonitruante, à vous de garder le cap !