Si vous ne deviez voir qu’un Molière cette année, ce serait celui-ci. Et pas seulement parce qu’il est joué en russe. Nouvelle création de Christophe Rauck, ‘Amphitryon’ allie l’impertinence de Molière et le romantisme de Tchekhov dans une mise en scène virtuose. Premier metteur en scène français invité à travailler avec les comédiens du célèbre Atelier-théâtre Piotr Fomenko, le directeur du Théâtre du Nord propose une relecture de l’œuvre de Molière par huit monstres de scène moscovites : Ivan Verkhovykh, Vladimir Toptsov, Andrei Kazakov, Karen Badalov, Roustem Youskaïev, Oleg Lioubimov et les deux sœurs jumelles Polina et Ksenia Koutepova. Une superbe « coïncidence » lorsque l’on sait qu’’Amphitryon’ inscrit sa fable dans un jeu de doubles. Vos cours de français sont loin de vous ? On vous rafraîchit la mémoire : dans la pièce de Molière, Jupiter prend les traits d’Amphitryon pour dérober une nuit d’amour à la douce Alcmène.
Un ballet moliéresque que Christophe Rauck retranscrit avec finesse dans une scénographie limpide. Un plateau noir, une passerelle éphémère et un large miroir mobile pour jouer des multiples reflets et des nombreuses perspectives que propose l’histoire. Le dispositif extrêmement bien employé est aussi magnifique à regarder. Un récit d’usurpation joué à merveille par une troupe de comédiens fabuleux. Il faut citer Karen Badalov qui offre une partition magnifique avec le personnage de Sosie. Alors pour apprécier la finesse de la mise en scène et le jeu enlevé des Moscovites, on vous conseille de jeter un coup d’œil rapide au programme distribué à l’entrée, voire de réviser votre Jean-Baptiste Poquelin à la médiathèque du coin. Il faut quelques minutes avant de s’habituer à la langue russe et aux sous-titres français mais passé ce petit temps d’adaptation, le plaisir est total.
Spectacle vu au Théâtre du Nord à Lille.