Quoi ? • 'Qué haré yo con esta espada ? (Aproximación a la ley y al problema de la belleza)'
Où ? • Cloître des Carmes
Quand ? • Du 7 au 13 juillet à 22h
Note : **
Genre : Théâtre contemporain
Imaginez le pire et vous ne serez pas très loin. 'Qué haré yo con esta espada ? (Aproximación a la ley y al problema de la belleza)' (en français « Que ferai-je, moi, de cette épée ? Approche de la loi et du problème de la beauté »), nouvelle création d'Angelica Liddell, convoque l'obscène, l'érotisme et l'horreur dans une odeur d'iode à soulever le coeur.
Peut-on encore être étonné par les images choc, sexuelles et violentes d'Angelica Liddell ? Difficile de feindre la surprise lorsque l'on aperçoit sa silhouette entrer sur scène et soulever sa longue robe à sequins dorés pour nous montrer jambes écartées l'intérieur de son corps. Une vue plongeante et gynécologique ouvrant un spectacle qui saisit l'histoire contemporaine pour en extraire le plus sombre : les attentats du 13 novembre, Ted Bundy, le cannibale japonais Issei Sagawa. Une ambiance de fin du monde où l'on lit du Carlo Gesualdo en observant des photographies du cadavre dévoré de Renée Hartevelt.
Comme souvent chez Angelica Liddell ce n'est pas tant l'histoire que les images qu'elle construit qui soulèvent le plus de tension. Un besoin de toucher le fond, de fouiller dans les entrailles de l'humanité pour en ressortir la promesse de l'acte artistique. Comme cette scène ahurissante où huit jeunes femmes à la beauté botticellienne se masturbent et se fouettent pendant de longues minutes avec violence, hystérie et frénésie avec un poulpe. Ou lorsque la metteur en scène de nouveau dénudée s'allonge sur le sol pour recevoir le jet d'urine d'un homme masqué. Une golden shower au théâtre, ça ne pouvait venir que d'Angelica Liddell, extravertie à l'extrême. Apôtre du cru, elle sublime le mal et l'horreur et avoue sans sourciller sa fascination pour l'horreur et tout ce que la morale réprouve de près ou de loin.
Sauf que Liddell n'est pas Pasolini, et ses tentatives de répugnance tournent en rond dans des tirades incontinentes. Elle noie son propos dans des logorrhées narcissiques grotesques qui n'en finissent plus, dans des gestes répétés à l'infini, dans une surenchère hystérique toujours plus factice. Pendant ces 4 heures de provocation continuelle, de poissons dévorés crus et de sexes en gros plan, il n'y a guère que l'odeur des poulpes qui nous soulève le coeur. Il ne reste plus que le dégoût, une nausée persistante certes, mais vidée de son sens.
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