On a fort mal dormi
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Avignon Off : On a fort mal dormi

Les ouvrages de Patrick Declerck sur scène.

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Quoi ? • 'On a fort mal dormi' de Guillaume Barbot 
Où ? • La Manufacture, 2 rue des Ecoles, Avignon
Quand ? • Du 6 au 24 juillet à 16h15 

Note : *****
Genre : Théâtre 

19, 20 et 26 novembre 2016 à la Ferme du Buisson et du 21 février au 12 mars 2017 au Rond-Point

En 2006, Guillaume Barbot trouve sur son chemin le récit de Patrick Declerck, 'Les Naufragés'. Un livre poignant dans lequel il raconte ses consultations psychiatriques auprès de SDF dans un centre d'accueil de Nanterre.

Des portraits de clochards comme il en existe peu, le sujet n'ayant pas vraiment la cote. Des histoires que l'on aime à garder loin de soi, dont on ignore tout. « Nous côtoyons des SDF, des clochards pour reprendre la terminologie de Declerck, tous les jours à Paris. Ils sont comme invisibles mais nous les savons là, dans nos rues, dans leurs rues. Et donc je crois les connaître. Je crois savoir. L’essentiel, en tous les cas. Puis je lis Declerck. Et me rends compte de mon ignorance, raconte Guillaume Barbot à Pierre Notte pour le théâtre du Rond-Point. « Savez-vous à partir de quelle température extérieure un clochard meurt d’hypothermie ? » interroge l’acteur. « 16 degrés. »

Un monologue cathartique 

Plus de regards fuyants et de sourires gênés, dans la salle du théâtre Guillaume Barbot met en scène dans ‘On a fort mal dormi' deux textes du médecin 'Les Naufragés' et 'Le Sang nouveau'. Il y convoque le désespoir, l’impuissance et la folie. Et pour raconter Patrick Declerck, la survie dans la rue et les paradoxes des centres d'accueil, le metteur en scène a choisi Jean-Christophe Quenon, la barbe fournie et les yeux rieurs. Un acteur précieux dont le jeu subtil et précis se remplit d’humanité et d’espoir au fur et à mesure.

Mettre en scène l'indicible 

Camouflé dans le public comme Patrick Declerck l’est dans la navette qui le conduit à Nanterre, l'acteur nous prend à partie, nous interroge et devient à tour de rôle le psy qui s'infiltre et le clodo qui survit, le médecin attentif et le patient. Depuis un décor de palettes en bois, il nous invite à pénétrer l'intérieur des bus de ramassage, nous décrit la vie dans les dortoirs et les consultations. Des espaces d'extrême solitude où paradoxalement ils ne sont jamais seuls. Sans jamais sombrer dans le pathos, le metteur en scène dissèque les problèmes, analyse les défaillances et dresse un constat sans appel. Il met en lumière la thèse de Declerck avec pudeur et une intelligence de la scène rares. Un spectacle nécessaire qui trouble et émeut sans jamais cesser de nous interroger sur la vie en société.

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