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Critique

Celui qui tombe

4 sur 5 étoiles
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Time Out dit

Un puissant craquement de bois retentit dans le silence religieux du théâtre. Baigné dans le noir, le spectateur ne voit presque rien. Puis, dans une semi-obscurité, entraperçoit la descente lente et bruyante d’une plateforme en bois carrée tenue à ses extrémités par de fins câbles. Et alors que la structure se penche dans le vide, les corps échoués de six circassiens flirtent dangereusement avec la chute. On se croirait au cœur du 'Radeau de la méduse' façon cirque contemporain.

Création légère et poétique, suspendue dans les airs, ‘Celui qui tombe’ de Yoann Bourgeois met le corps à l’épreuve du mouvement et de la verticalité. Face à ce géant de bois qui se ploie, se balance et tournoie à vive allure, les six acteurs s’agrippent et s’élancent pour parfois s’effondrer lors, par exemple, d’une sublime séquence habitée par la voix de Frank Sinatra. Ils courent, évitent de justesse les mouvements de bascule, se laissent glisser, se suspendent jusqu’à l’épuisement. De ces mouvements de lutte contre la pesanteur, au gré de musiques difficilement plus charismatiques ("Casta Diva", la 'Traviata', "My Way"…), se dessine une chorégraphie tantôt au galop, tantôt au ralenti, mais réglée comme du papier à musique. Un dialogue construit de va-et-vient où il n’est pas simplement question de rester debout, mais de souffrir de la verticalité malgré la houle et les remous, de rejouer les relations entre le corps et l’espace. Après une heure de spectacle, ‘Celui qui tombe’ nous fait tanguer. Le mérite à une dramaturgie limpide et une réalisation lumineuse. L’art de Yoann Bourgeois cache sa sophistication par une simplicité poétique d’une justesse émouvante. Difficile de ne pas tomber justement sous le charme.  

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Prix
De 7 à 28 €
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