Et pas qu’(un peu) ! Jeunes mères débordées qui jonglez entre le boulot, le bébé et les allers-retours à la crèche, femme enceintes, papas en gestation et autres humains avec appareil reproducteur ce (très bon) spectacle est fait pour vous. Création collective des Filles de Simone, ‘C’est (un peu) compliqué d’être l’origine du monde’ met en scène dans un tourbillon d’accessoires Chloé et Tiphaine aux prises avec la maternité. Ou comment après avoir uriné sur un bout de plastique, tout bascule. Remise en question incessante, sentiment de culpabilité et sandwich au placenta : pas question pour les deux jeunes femmes de nous peindre un tableau idyllique de l’affaire. En une heure, le duo traverse avec humour et dérision tous les états : la joie d’être mère, et la peur de l’être, le besoin de partager du temps avec son enfant et l’envie d’être seule avec soi. On vous a dit que ça risquait d’être compliqué.
Sur scène, Tiphaine (Gentilleau) et Chloé (Olivères) racontent ainsi toutes les étapes de cette belle aventure : les cours de yoga prénatal où l’on apprend à respirer par l’anus (!), la liste (plus longue que le bras) des aliments interdits, les questions existentielles, l’avis des gens, l’épisiotomie… On navigue alors entre sketchs hilarants et scènes crues, entre gazouillis, montées de lait et colère. En une heure et dix minutes, les Filles de Simone remettent tout en perspective : la possibilité d’être mère et artiste, la remise en question perpétuelle du « choix », la sous-estimation systématique de l’espace domestique et la pression invisible mais tenace qu’elles portent sur les épaules. « La femme est libérée mais la mère est jugée », lit-on sur une pancarte. On apprend ainsi que Simone (de Beauvoir), Badinter et les autres n’ont pas dit que des choses intelligentes et que ce n’est pas grave si on montre des photos de son enfant sur le pot à de parfaits inconnus. Sans complaisance, avec esprit et créativité, elles nous parlent d’expériences personnelles mais avec universalité. Bravo.