Pour qui ? Les Américains en vacances à Paris
Voir quoi ? La "comédie musicale" 1.0.
Chicago, les années 20. Roxie Hart et Velma Kelly ont quelques ennuis avec la justice (c’est ça de tuer des gens). Sur leur route Billy Flynn, un avocat qui en plus de les défendre ,leur ouvrira grand les portes de la gloire. Success story made in Broadway, Chicago débarque à Paris pour un marathon qui nous emmène jusqu’en juin 2019. La belle affaire.
C’est que cette histoire-là commence à bien faire. Créé en 1975, Chicago n’a cessé de subir de nouvelles adaptations depuis 1996, sans vraiment réinventer le genre. Plus cabaret que comédie musicale, on a encore du mal à croire que ce show se soit retrouvé dans le magnifique Théâtre Mogador. Car c'est le genre de spectacle qu’on devrait regarder/écouter du coin de l'œil, en buvant et en mangeant au Moulin-Rouge.
Ici pas de décor, à peine quelques accessoires, des chanteurs-comédiens-danseurs qui n’ont pas peur du statisme. Et que dire de ce mur de musiciens qui rétrécit le devant de scène (donc les danses et les groupes) à leur minimum ? Les chorégraphies du génial Bob Fosse (ou ce qu’il en reste) ont elles gravement souffert du passage du temps. Ça fait un moment que le charleston attend son retour de hype, et ce n’est pas pour demain la veille.
On est loin des âges d’or aux grands décors, grandes foules et grands costumes. Chicago reste un sexy pas malin avec des décolletés aussi ouverts que les voix. Sans la moindre touche burlesque. Parce que oui ici c’est du sérieux, les femmes sont fortes parce qu’elles se vengent et usent de leurs charmes quand ça arrange (bien heureux sont celles et ceux qui voient d’ailleurs dans le spectacle le plus beau du féminisme contemporain).
Après on ne va pas se mentir, ça reste de vrais bons chanteurs, chacun avec son style et son jazz, et il y a quelques solos séduisants (ce grand moment où Velma reprend seule un show qui normalement se fait à deux). Tout ça entaché par une version française qui n’a pas grand-chose à voir avec l’ambiance du Chicago du début du 20e. Ça et un glamour qui n’est plus à la hauteur de sa réputation. Tant pis.