Debout à l’entrée de son chapiteau, Danny Ronaldo invite les spectateurs à… partir. Oubliez les tonitruants « Approchez ! », ici on vous supplie plutôt de ne pas entrer sous le chapiteau, de ne pas vous asseoir. « Toute ma famille est morte. Le cirque est mort. Partez », marmotte-t-il dans un italien farfelu à peine compréhensible. A l’intérieur, la triste affaire semble évidente. Des tombes et des croix habitent la piste couverte de sciure. Le tout à peine éclairé par des guirlandes électriques. La funambule n’est plus, ni le clown blanc et encore moins le directeur du cirque. Il ne reste plus que Danny dans son costume bleu délavé et une montagne de bric-à-brac dont il fera le meilleur (ou le pire ?) usage.
Alors puisque personne dans les gradins ne reprend le chemin du retour, Danny s’évertue à ressusciter le cirque, seul. Il ne maîtrise pas grand-chose et pourtant petit à petit la magie opère. Entre deux numéros de jonglage et de magie, le clown réinvente un cirque rétro à la fois traditionnel et contemporain. Un cirque de poche onirique et plein d’humour qui fonctionne à la débrouille. N’imaginez donc pas assister à un enchaînement de numéros époustouflants, le spectacle ne fait pas le récit de performances acrobatiques et de sauts vertigineux. Il est ailleurs, à taille humaine, dans une sculpture de chaises et de la corde tendue, dans les cris effrayés des enfants et les gags téléphonés pourtant hilarants. Il ravive la nostalgie des cirques à l’ancienne avec une forme d’humour désuet irrésistible.
On pardonnera alors les petites longueurs qui s’agglutinent au début des scénettes. Il faut dire que le monsieur exécute sa partition, seul et pendant une heure vingt. Le tout sans le sourire (n’oubliez pas que toute sa famille est morte !), mais avec humanité et poésie.