Spectacle vu dans le cadre du festival des nouvelles formes de cirque Spring, du 9 mars au 14 avril dans 60 lieux en Normandie.
Et si au commencement était le final ? C'est par un brillant salut que la troupe Anomalie & menée par Jean-Benoît Mollet démarre son spectacle. La scène est drôle et cocasse inondée d’applaudissements. « Bravo ! », crie-t-on. Le spectacle fini, c’est au décor d’être démonté. On remballe tout. Pendant que l'on remonte les cintres et que l'on range les costumes, les cinq circassiens fraîchement applaudis reviennent sur scène pour une courte rencontre avec le public.
Le corps humain et ses métaphores
C'est face aux spectateurs dans une sorte de maïeutique théâtrale que les grandes lignes du spectacle apparaissent. Et notamment notre rapport au corps, un sujet central discuté par tous les artistes sur le plateau. Ainsi, alors que certains ont un corps qui danse, d’autres ont un corps à géométrie variable. « Moi par exemple, j’ai découvert en France que j'avais un corps allemand », témoigne Jorg Müller.
Avec humour et poésie, les circassiens/acteurs partent alors à la conquête du corps en pénétrant littéralement dans le ventre de la ballerine. Puisqu'il est question d'étudier le corps humain, le mieux c'est encore de l'observer du dedans. A la manière de "Il était une fois la vie" mais en plus barré, les circassiens timbrés d’Anomalie & vont croiser des anticorps et des synapses. « La scène devient peu à peu l’intérieur fantasmagorique d’un être vivant composé de toutes ces individualités. » Un voyage en terre inconnue à la fois loufoque et poétique déployé dans une scénographie sens dessus dessous. Lâchez prise et sortez vos lampes frontales.
La chaleur du chalet lorsque l’on vient du dehors
L’air de rien, dans cet immense bordel de sons et de lumières, de câbles qui tombent et de fumée qui s’évapore, Anomalie & aborde l’essentiel. Sans jamais se prendre au sérieux mais en gardant dans un coin de la scène un petit moment suspendu, ils évoquent notre relation conflictuelle avec notre corps, notre perception de son empreinte sociale et son impact sur nos prises de décision. Et dans cet imbroglio, il est évidemment question d’amour et d’intimité. D’ailleurs, on se sent bien dans la chaleur de ce petit chalet de montagne. Une immense vague de tendresse pour clore un spectacle fou et osé.