La scène est celle d’un concert. Des pianos, des guitares, une batterie et des platines servent de décor. Au fond, un rideau fait de franges pailletées brille sous le feu des projecteurs. Entrent en scène cinq comédiens/chanteurs/musiciens – véritables trublions du bruit – qui s’apprêtent à nous livrer une petite histoire de l’écoute. A grand renfort de textes critiques signés Luigi Russolo, Roland Barthes et Peter Szendi, les comédiens mettent en perspective leurs lectures en musique et en chanson, inaugurant un concept de concert-conférence-spectacle unique en son genre.
Une playlist musicale, textuelle et sonore…
« Cette musicothèque subjective, sera interprétée par Pauline Sikirdji, Kate Strong, Mathieu Bauer, Sylvain Cartigny et Matthias Girbig : une partition pour instruments, textes et platines. »
L’excellent Matthias Girbig, fidèle collaborateur du metteur en scène Mathieu Bauer, mène la danse en véritable DJ de cérémonie. Il examine les textes de sociologues au micro, chante un tube de rock, passe des vinyles de Blondie et entretient une complicité amusée avec Pauline Sikirdji, mezzo-soprano, joueuse de piano et de basse. Une autre conteuse, Kate Strong, trilingue, assure la permanence de la leçon et s’efforce de ramener le propos sur le devant de la scène, tandis que deux musiciens (dont le metteur en scène lui-même) assurent l’arrière-plan musical tout au long de la pièce. Imaginez un cours de musicologie mais sans le maître de conférence en tailleur velours…
120 décibels, soit le volume sonore d’un coup de feu, et d’un concert de rock
Par cette analyse des bruits, des sons et de la musique, Mathieu Bauer et son équipe nous invite à une véritable écoute de l’écoute. Dans le public, ouvrez grand vos oreilles. Vous écouterez Ich bin der Welt de Gustav Mahler, les Quatre saisons de Vivaldi par Max Richter, une feuille qui se froisse et le blues de la Dolce vita de Nino Rota comme jamais, et finement mêlé à 'L’Introduction à la sociologie de la musique' de Theodor Adorno. L’histoire de la musique et de l’écoute se dessine ici en rythme dans les airs, elle habite les instruments, les comportements, les envies, les souvenirs. Une excellente discrographie que Mathieu Bauer construit à partir de matériaux très différents : sons réels, extraits de dialogues et tubes ultra populaires. Ensemble, ses extraits d’œuvres, ces analyses critiques et toutes ces mises en musique forment une symphonie rythmique jouissive. Un petit bijou de musicalité où musique, théâtre, jeu et voix s'expriment à l’unisson. Dressez vos écoutilles !
Ecrit par Elsa Pereira et Anna Maréchal