Après Le Porteur d'histoire et le Cercle des illusionnistes, la nouvelle création d'Alexis Michalik.
Il y a chez Michalik un amour du théâtre qui confine à la magie. Une manière joliment désuète de raconter des histoires, de nous entraîner dans un tourbillon de vies. Entrer dans l’univers d’Alexis Michalik, c’est ainsi comme voyager dans une machine à remonter le temps. On quitte la terre et son siècle le temps du lever de rideau.
D’ailleurs pour son nouveau spectacle, le metteur en scène a choisi de s’installer dans le Paris de la fin du XIXe siècle. Nichés dans les dorures et le velours rouge du théâtre du Palais-Royal, les spectateurs sont ainsi conviés à suivre la naissance, en 1897, de la célèbre pièce d’Edmond Rostand, ‘Cyrano de Bergerac’ qu’il est exhorté d’ailleurs à écrire en un temps record.
Théâtre dans le théâtre
‘Edmond’, mise en scène d’une mise en scène, n’est ainsi point avare de clins d’œil. On s’amuse souvent des fréquents ponts entre la pièce jouée sur scène (‘Edmond’) et celle que les acteurs jouent devant nous (‘Cyrano’). Du théâtre dans le théâtre dans le théâtre. A ce jeu, le metteur en scène couronné de trois Molières, sait être habile. Pour nous emporter dans cette histoire pleine de rebondissements, il en a savamment étudié le rythme : scènes courtes, dialogues percutants et changements de décor en un éclair. La pièce s’envole habitée par des personnages attachants (Edmond et Rosemonde), charismatiques et parfois très drôles. On pense notamment à Sarah Bernhardt jouée avec panache par Valérie Vogt ou encore à Georges Feydeau interprété avec facétie par l’hilarant Nicolas Lumbreras. Le spectacle est séduisant et les acteurs particulièrement bien choisis. Qui mieux que Pierre Forest pouvait incarner Coquelin ET Cyrano ?
Edmond de Bergerac
Mais ce qui fait le sel de ce spectacle, c’est assurément la manière dont Alexis Michalik raconte cette histoire, avec enthousiasme et générosité, en véritable amoureux du théâtre (à l’ancienne). En quelques minutes, assis dans les trop étroits fauteuils du théâtre du Palais-Royal, on se sent comme des enfants autour d’un feu. Une approche enchanteresse presque cinématographique pour raconter l’une des plus belles pièces du théâtre français, un texte sublime dont on connaît tous les célèbres tirades. Parions que le triomphe de ‘Cyrano’ en 1897 contribue à sa manière au succès tout aussi mérité d’’Edmond’ en 2016.