Spectacle joué au Monfort avec le Théâtre de la ville dans le cadre de sa saison hors les murs.
Vimala Pons et Tsirihaka Harrivel entretiennent un rapport complexe avec l'image. Au sein du collectif Ivan Mosjoukine déjà, les deux comparses refusaient d'apparaître dans les médias, présentant le spectacle 'Notes on the Circus' comme le résultat d'une pensée et d'une énergie collective irréductible à la somme des personnalités de ses quatre membres. S'ils se prêtent cette fois au jeu, c'est selon leurs propres règles. A condition que ceux qui veulent parler d'eux se plient à leur goût de la mise en scène et de l'absurde. Loin d'être anecdotique, cette posture est à l'image de 'Grande' : radical et indocile. Plein d'une urgence de faire et de dire, avec un maximum de combinaisons de gestes et de mots. Sans oublier les choses.
Sous la jupe du monde
Vêtements en pagaille, toboggan géant, bouquets de fleurs, collection de couteaux, amplis... Le plateau de 'Grande' est un bordel hétéroclite d'où Vimala Pons et Tsirihaka Harrivel font surgir des tableaux à l'esprit surréaliste. Dès la première des dix « revues » qui composent le spectacle, Vimala Pons éblouit. Tandis que Tsirihaka Harrivel accompagne avec divers instruments une techno lancinante, elle apparaît engoncée dans une robe de mariée, un mannequin de vitrine en équilibre sur la tête.
On a à peine le temps de se réjouir de l'étrange épiphanie que déjà, la jeune femme révèle ce qui se cache sous son grand jupon. Soit toutes sortes de tenues d'ici et d'ailleurs. Sobres ou excentriques. Religieuses ou laïques... Jusqu'à ce qu'il ne lui reste plus rien à enlever. Comme dans les films d'Antonin Peretjatko, de Philippe Garrel ou encore de Bertrand Mandico – on pourra bientôt voir l'actrice dans 'Les Garçons sauvages' –, l'artiste-gigogne se joue ainsi des codes de la féminité comme de l'image : elle les détourne grâce à un langage si singulier qu'il échappe à toute catégorie.
Inventaire avant liquidation
A peine interrompues par l'irruption de quelques maniaques du rangement, les « revues » s'enchaînent à un rythme effréné. Si dans 'Notes on the Circus', ils proposaient une rapide succession de 81 courts numéros ou « notes » déjantées sur le cirque, les deux complices s'attaquent cette fois au monde entier. A ce qu'ils en savent et plus encore ce qui leur échappe. Il est donc question d'amour, de chansons, d'électroménager... Le tout à travers un langage complexe fait de quelques figures récurrentes et de nombreux gestes orphelins, déployé avec une énergie proche de la transe. Celle de qui veut garder trace de ce qui menace de disparaître.