C’est son premier spectacle, mais Jérémy Nadeau a déjà largement de quoi faire l’ancien. Découvert sur YouTube, le comédien, actuellement à l’affiche de la série Cœurs noirs sur Prime Vidéo, brûle les planches au Grand Point Virgule. Sur le papier, du stand-up dans sa forme la plus pure. Sur scène… tant de choses impures qu’on aurait presque envie d’appeler l’exorciste pour sauver l’humoriste du sheitan qui semble l’habiter.
Dans Beaucoup trop, Jérémy Nadeau met du corps à l’ouvrage (sic). C’est le cas de le dire : il semble qu’il n’y ait rien que ce grand enfant formé à l’école du cirque ne soit capable de mimer devant nous. Pas même le sexe de son père. Pas de doute, cet homme est une vraie b*te de scène. Un micro, un pied, un nombre infini de possibilités : mis en scène par Kaza, le comédien parvient à faire naître sur le plateau autant de personnages que de situations, et à nous faire vivre comme si on y était ses plus sombres pensées comme ses plus improbables souvenirs.
Au-delà du jeu et de la performance physique, Jérémy Nadeau nous sert une narration aux petits oignons. Dans son texte, rien n’est laissé au hasard : chaque mot compte (on les compte d’ailleurs ensemble), tout est pensé, pesé, posé. Loin de l’enchaînement de vannes sans lien apparent, Beaucoup trop suit un drôle de fil, aussi sinueux qu’ingénieux, à travers lequel se dessine une personnalité forte, pourtant empreinte d’une touchante fragilité. Dans ces conditions, le lien avec le spectateur se crée sans forcer, si bien qu’on sort du spectacle avec le sentiment de s’être fait un nouveau copain.
Gros big up aussi à Richard Sabak, qui nous offre une masterclass de première partie, conçue – c’est assez rare pour être souligné – en interaction avec le show de Nadeau. Propre.