Spectacle vu dans le cadre du festival des nouvelles formes de cirque Spring, du 9 mars au 14 avril dans 60 lieux en Normandie.
Le travail artistique de Johann Le Guillerm tisse une toile complexe autour d’un projet global (Attraction) recoupant plusieurs entités qu’il appelle « des monstrations ». Un spectacle sur piste (‘Secret’), des outils d’observation (Les Imaginographes), des sculptures et performances (Les Architextures), des sculptures en mouvement (La Motte / Les Imperceptibles) et un spectacle-conférence : Le ‘Pas Grand Chose’. Une galaxie de tableaux surréalistes jusqu’ici muets et qui retrouvent le chemin de la parole avec une « tentative pataphysique ludique ». Une conférence hallucinée - pour ne pas dire hallucinante - qui participe à renouveler les codes du cirque contemporain avec humour et de nombreuses expériences scientifiques.
Des chiffres et des lettres
« Démêler le monde pour créer mon propre sac de nœuds ne m’apparut pas plus limpide que l’original. La seule chose qui me parut claire est que je n’y voyais pas mieux. »
C’est derrière une carriole truffée de tiroirs, de caméras et d’objets non identifiés et drapé dans un costume que Johann Le Guillerm entre en scène. Loin du dispositif circulaire de la piste, face public pour un fantastique exposé d’une heure et demie. Une expérimentation en direct (le tout est filmé et projeté sur un écran en fond de scène) des différentes observations loufoques et pourtant tout à fait logiques du circassien autour du point. « Je suis parti de O (le minimal : le point), du chaos des origines pour faire le tour de ce "monde matière" ». Pour ce faire, il réutilise ses fameux outils d’observation les « Imaginographes » dont « l’Irréductible » qui établit « la relation ambivalente des dix chiffres, du point de vue de cinq formes, et fait apparaître une logique orthonormée ».
Le pas grand-chose qui n’est pas rien
Des observations nourries d’anecdotes, de graphiques, de démonstrations énoncées avec le plus grand sérieux. « Le mode de la conférence permet d’adopter une posture très repérée de transmission d’un savoir mais qui appartient au scientifique ou à l’intellectuel. Je souhaite m’emparer de ce moyen pour y parler de la science de l’idiot, ma science, celle de celui qui ne sait pas mais qui tente de savoir. » Une chose est sûre, vous ne verrez plus les bananes, les clémentines et les serpentini comme avant.