Critique

Johann Le Guillerm - Secret (Temps 2)

5 sur 5 étoiles
Une pièce majeure du cirque contemporain, sans cesse transformée depuis ses débuts en 2003.
  • Théâtre
  • Recommandé
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Time Out dit

Avec ses chaussures à bouts pointus, sa natte, son pantalon à taille haute et son torse nu qu'il exhibe depuis plus de dix ans dans son spectacle 'Secret', Johann Le Guillerm s'est forgé dans le milieu du cirque un personnage d'aventurier solitaire. Une réputation de chercheur génial et fantasque à la Don Quichotte. Contre l'injonction des institutions à sans cesse produire du neuf, l'artiste n'a eu de cesse que de développer un seul et même projet en quatre parties intitulé 'Attraction', dont 'Secret' est le volet circassien.

Dernières métamorphoses

Alors qu'au terme de la dernière édition du festival La Route du Sirque à Nexon en Haute-Vienne (1-20 août 2016), sa compagnie Cirque ici fondée en 1994 était reconnue au titre des compagnies à rayonnement national et international, Johann Le Guillerm s'apprête à mettre un terme à cette longue expérience. Raison de plus pour aller voir ou revoir 'Secret (temps 2)' avant la création du 'Pas grand-chose', que l'on pourra découvrir au Monfort en mars 2017. Travail de Sisyphe, ce spectacle créé pour la première fois en 2003 est un incroyable laboratoire sous chapiteau. Une succession de tentatives pour repenser le monde à partir de presque rien.

Fils d'un sculpteur et d'une céramiste, Johann Le Guillerm met son corps au service d'une réflexion utopique sur la matière. Avec des planches, des tiges de fer et d'autres matériaux simples, il compose toutes sortes de sculptures éphémères d'un geste de dompteur sûr de son effet. S'il laisse parfois l'une de ses créatures déployer ses membres par elle-même, celles-ci ne font en général pas long feu. En démiurge des arts de la piste, Johann Le Guillerm s'attache dans 'Secret' au processus plus qu'au résultat. Aussi fascinant soit-il.

Fabuleux reliefs

Pour que l'on continue de croire au miracle une fois le spectacle achevé, l'artiste conserve cependant quelques-unes de ses créations. Comme il le fait régulièrement, il les exposera autour de son chapiteau à la Friche industrielle de Babcock, investie par la MC93 en attendant la fin des travaux du théâtre de Bobigny. Assemblages de planches tantôt libres, tantôt attachées entre elles par des nœuds marins, ces œuvres ne dévoilent en rien les techniques de Johann Le Guillerm, mystérieuses malgré sa manipulation à vue. Arrachés à un équilibre précaire et à un système réticent à la répétition, les reliefs complexes créés par l'artiste sont un puissant encouragement à la patience et à l'audace. Duo propice à la cristallisation, phénomène fétiche de Johann Le Guillerm.

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Prix
12 €
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