Isabelle Hupert dans 'La Ménagerie de verre" de Tennessee Williams mis en scène par Ivo van Hove
© Jan VersweyveldIsabelle Hupert dans 'La Ménagerie de verre" de Tennessee Williams mis en scène par Ivo van Hove

Critique

La Ménagerie de verre

5 sur 5 étoiles
Isabelle Huppert brille de mille feux dans cette pièce sur la fragilité de l’existence et le tabou de la différence.
  • Théâtre
  • Recommandé
Alix Leridon
Publicité

Time Out dit

Le saviez-vous ? Isabelle Huppert n’est pas seulement égérie Balenciaga (Balenciaquoi ?). Elle est aussi comédienne (la twittosphère say whaaaat). Et en plus d’enfoncer des portes ouvertes, on vous conseille à aller l’admirer dans La Ménagerie de verre, huis clos fantasque aux portes du réel, où elle semble comme montée sur ressort… Mais son étourdissante performance n’est pas isolée dans ce petit bijou de pièce de Tennessee Williams, et n'éclipse jamais celle de ses formidables partenaires de jeu dans la mise en scène particulièrement bien équilibrée d’Ivo van Hove.

Sur scène, de frêles et gracieuses figurines humaines virevoltent, flanchent, se relèvent, flanchent à nouveau, dans l’écrin de velours d’une boîte à musique où se répètent continuellement les mêmes airs. Souvent comiques (on rit beaucoup), mais pétris de tragique, ces personnages sont les valeureux chevaliers d’une apocalypse miniature et intérieure. Ce sont Isabelle Huppert, Antoine Reinartz et Justine Bachelet, coincés dans un petit appartement du sud des Etats-Unis, dans la tourmente des années 1930. Ils interprètent respectivement une mère à la main de fer et aux instincts de petite fille, son fils acculé cherchant désespérément une “sortie de secours”, et sa fille, un rien “infirme” et cruellement timide. Tous trois ont été abandonnés par un père dont l’absence résonne avec un peu trop de force sur les murs et dans les esprits. 

Un beau jour, un jeune homme – interprété par le magnifique Cyril Gueï – est reçu à dîner et vient briser la monotonie du logis en cristallisant toutes les attentes de ses différents occupants. Mais ceux-ci sont aussi fragiles que les bibelots que collectionne la jeune Laura dans sa “ménagerie de verre” : un pas de côté et voilà qu’ils se brisent. La pièce, qui s’ouvre sur un tour de magie rompant le quatrième mur, se présente comme le simulacre sensible d’un monde bercé d’illusions. Celles de ses personnages, et celles qui régissent la mise en scène, reflétant à la perfection l’imperfection poétique du rêve et du souvenir. Simplement beau. 

Infos

Adresse
Prix
De 6 à 40 €
Heures d'ouverture
A 15h ou 20h.
Publicité
Vous aimerez aussi
Vous aimerez aussi