Voir quoi ? Une Traviata travaillée par la pop culture
Pourquoi s’y rendre ? Pour constater que l’opéra sait vivre avec son temps
La traviata fuit l’amour de sa vie en Uber et fait un détour par le kebab du coin avant d’aller traire une vache. Kamoulox ? Non, Simon Stone à l’Opéra Garnier. Aux manœuvres de l’incontournable opéra de Verdi, le metteur en scène australien présente cet automne une Traviata 2.0 très connectée.
Le ton est donné dès les premières minutes du spectacle, où le compte Instagram d’une Violetta Valéry aux faux airs de Rihanna s’affiche sur d’imposants écrans géants pivotant au centre de la scène. Incarnée par la sublime Pretty Yende, l’héroïne de Verdi s’offre ainsi une nouvelle voix enchanteresse aussi bien qu’une nouvelle voie, celle de l’influenceuse aux millions d’abonnés à la tête de sa propre marque de cosmétiques. Par smileys interposés, les amours de Violetta et Alfredo se nouent et se dénouent entre la porte d’un club privé et les bennes à ordures d’une ruelle avoisinante, au rythme de timides échanges WhatsApp et de folles soirées alcoolisées.
Sans tordre le texte, Simon Stone fait pénétrer La Traviata dans la pop culture et offre une nouvelle lecture à une romance mille fois épuisée. La scénographie, aux quelques éléments de décor bien pensés (mais qui a garé son vélo Jump sur la scène de l’opéra ?), d’abord foisonnante, perd malheureusement un peu de sa superbe au fil de la pièce. On retiendra tout de même l’excellente scène de la fête carnavalesque chez Flora Bervoix, où se mêlent paillettes et godemichés dans une tendre liesse savamment orchestrée.