Ceux qui ont vu l’excellent ‘Porteur d’histoire’ se laisseront aisément convaincre : le théâtre d’Alexis Michalik, plein d’humanité et de poésie, offre une parenthèse enchantée à ses spectateurs. Une sorte de voyage dans le temps pendant lequel les histoires se croisent comme par magie. Eh oui, ‘Le Cercle des illusionnistes’ n’a pas volé son titre. De la magie, il en regorge.
Et pourtant, le plateau n’est pas très grand, ni la scénographie fastueuse. Une poignée de comédiens (tous excellents, il faut bien le dire) interprétant une petite trentaine de personnages, des tableaux pour varier les décors, quelques projections ici et là. Michalik n’a pas besoin de sortir la grosse artillerie, de coller des noms de stars à son casting pour faire salle comble, il lui suffit de raconter des histoires. Celle de Jean-Eugène Robert-Houdin, horloger et créateur d’automates, celle de George Méliès, bottier et cinéaste, celle de Décembre, voleur du dimanche… 1805 à Blois, 1861 à Montreuil, 1984 à Paris. Pris dans la spirale de ces destins qui se croisent et de ces rencontres impromptues, le spectateur en oublie presque qu’il est assis dans un fauteuil carmin à quelques pas de l’Opéra.
Et parions qu’il s’agit là d’un des plus beaux compliments que l’on puisse faire à un spectacle de théâtre, être capable de nous faire circuler à travers le temps sans fioritures ni effets spéciaux (ou presque). L’essence du ‘Cercle des illusionnistes’ échappe à la collection d’adjectifs. Magique ? Modeste ? Envoûtant ? Oui, sûrement, et tout cela à la fois. On ne vous dira qu’une chose : ne le manquez pas.