Pour qui ? Les amateurs d’humour en entreprise
Voir quoi ? Lars Von Trier Vs. Marivaux
Dans cette entreprise, Ravn est un employé normal. Ou presque. En fait il est le directeur et se fait passer pour un coworker lambda car c'est toujours plus simple de dire "ça vient d’en haut" que d’y être, en haut. Mais parce qu’il veut vendre sa société, il embauche un acteur pour s’occuper des dernières formalités. C’est-à-dire, virer tout le monde.
Au premier coup d’œil, on se dit que cette pièce va pousser à fond le curseur du théâtre comique un chouïa trop contemporain. Il faut dire que ça commence avec une grosse musique techno (un élément vu et revu dans le théâtre d’aujourd’hui, au moins autant que celui de montrer ses fesses dans le théâtre d’hier). Alors oui, le spectacle coche au départ toutes les cases du cool, peut-être trop gentiment (les images vidéos, les interjections anti quatrième mur, les improvisations foutraques). Mais le spectacle du metteur en scène espagnol Oscar Gómez Mata réussi rapidement à montrer tout son génie.
Et on est loin de l’austérité et de la complexité formelle de Lars Von Trier, et de son humour froid et cinglant (ah, ces Danois…). Tout y est remplacé par la chaleur d’une comédie qui, même si elle se présente comme inoffensive, retourne habilement tous les codes modernes de la manipulation en entreprise. Mais pas que. La pièce se la joue mise en abyme, et fait de ses introspections théâtrales son véritable paysage d’humour. Tellement malin, tellement drôle. Même si ce Direktør est meilleur dans son jeu et son texte que dans ses pures absurdités (qui traînent sur la longueur), on se dit que si Marivaux était encore vivant, il aurait applaudi.