Le jeune public au pluriel
Si le « théâtre enfance et jeunesse » – qualificatif que Sylvain Maurice préfère à celui, plus courant, de « théâtre jeune public » – a longtemps été considéré comme un secteur de création mineur, Odyssées en Yvelines prouve que cette période est bel et bien révolue. Avec une pièce de théâtre d'ombres (‘Le Cantique des oiseaux’, d'après le texte éponyme du poète persan du XIIe siècle Farid Al-Din Attar), une pièce musicale (‘Camille, Max et le Big Bang Club’) mise en scène par Nicolas Laurent, un spectacle de marionnettes (‘Elle pas princesse lui pas héros’ de Johanny Bert), deux formes à la croisée des disciplines (le ‘Peer Gynt’ de Sylvain Maurice et ‘Master’ de David Lescot, monté par Jean-Pierre Baro) et les philosophiques ‘Trois songes’ conçus par Olivier Coulon-Jablonka et l'auteur Olivier Saccomano, le festival montre l'étendue des possibles dans le secteur concerné.
La programmation de ces Odyssées interroge d'ailleurs la nature et les limites de ce secteur. Parmi les artistes choisis cette année par Sylvain Maurice, aucun n'est en effet spécialisé dans la création pour l'enfance et la jeunesse. Même Aurélie Morin, qui avec sa compagnie Le Théâtre de Nuit travaille depuis une dizaine d'années avec le jeune public, dit plutôt faire du théâtre « tout public ». « Mon univers étant avant tout visuel, je ne crois pas qu'il s'adresse à un public plutôt qu'à un autre. Chacun, selon son âge et son imaginaire, doit pouvoir y trouver matière à rêve et à réflexion », explique-t-elle. Sylvain Maurice pense différemment. Pour lui, « chaque tranche d'âge appelle une adresse particulière ». Il s'est cette année particulièrement penché sur le théâtre adolescent, « la plus récente des branches du théâtre enfance et jeunesse, où se développent des propositions passionnantes ». Dans Odyssées, ‘Trois songes’ et ‘Master’ représentent cette tendance.