Critique

Le sourire d’Audrey Hepburn

4 sur 5 étoiles
Un monologue subtil et douloureux joué avec précision par Isabelle Carré.
  • Théâtre
  • Recommandé
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Time Out dit

C’est devant le décor d’’Avant de s'envoler’ de Florian Zeller par Ladislas Chollat (qui occupe la seconde partie de soirée au théâtre de l’Œuvre) que Jérôme Kircher a installé sa pièce, posé ses lumières. Seul un gros fauteuil club couleur caramel trône sur le plateau. C’est là, serrée dans un manteau noir aux lignes strictes qu’Isabelle Carré, assise, prête pendant une heure ses traits à Audrey Hepburn.

‘Le Sourire d’Audrey Hepburn’, adaptation scénique du roman de Clémence Boulouque ‘Un instant de grâce’, raconte avec délicatesse et pudeur l’enfance d’Audrey à travers l’absence de son père. Nous sommes en 1964 dans un hôtel à Dublin. Mel Ferrer, le mari d’Audrey, organise alors une rencontre entre l’actrice désormais célèbre et son père qu’elle n’a pas vu depuis trente ans. Trente ans d’absence et de questions, un abandon d’autant plus traumatisant pour la jeune danseuse qu’il est motivé par des idéaux fascistes.

Pendant une heure, avec la sobriété que l’on connaît à Audrey Hepburn, Isabelle Carré raconte et interroge le passé et les souvenirs. La Seconde Guerre mondiale, la résistance, la danse et le sud de la France, les premiers films et le succès, enfin, imprévisible et mérité. 

Sur scène, Isabelle est presque immobile, dévolue au monologue. Elle ne bouge presque pas et pourtant toutes les émotions sont là. Réduite à l’essentiel, la mise en scène ne manque pas non plus de poésie. Telle une peinture de Hopper, ce sont les détails qui opèrent : quelques rayons de lumière qui s’échappent des fenêtres, une robe en satin, un manteau parfaitement coupé sanglé à la taille, un chignon serré et un sourire juvénile. Un monologue subtil et douloureux joué avec précision par une actrice au jeu délicat. Une réussite aux coutures invisibles. 

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