Au magnifique Théâtre de Paris – qui vaut le détour à lui seul –, Alexis Michalik a importé un petit bout de Broadway avec Les Producteurs. Le metteur en scène multirécompensé, qui enchaîne les nouveaux spectacles plus rapidement qu’un fuckboy les conquêtes, s’est pris au jeu de la comédie musicale kitschou et cain-ri. Le propos est aussi lourd que les airs sont légers, mais c’est gai, et puisque la gaieté est l’objectif assumé de cette folle entreprise, on se doit bien de l’applaudir.
Inspiré du film de Mel Brooks et du show du même nom acclamé à Broadway pendant plus de six ans, Les Producteurs est à la comédie musicale ce que la wurst est à la cuisine allemande : un classique indémodable et sans prétention, supplément moutarde. Chez Michalik, le plot reste inchangé : un producteur sur le déclin décide de créer le pire spectacle de tous les temps, « Des fleurs pour Hitler » (tout est dans le titre), pour se remplir les poches en montant une arnaque à l’assurance. Résultat, un petit feu d’artifice mêlant nazisme, misogynie et quelques relents d’homophobie se joue sur scène dans la joie et la bonne humeur. On invoque, bien sûr, les dieux du millième degré, et on se laisse bercer pendant deux bonnes heures au rythme des claquettes et des explosions de paillettes.
Autant le dire tout de suite, c’est trop long et tout n’est pas à garder dans ce spectacle qui – vous l’aurez compris – manque légèrement de subtilité (encore un point commun avec la cuisine allemande). Parmi les temps forts du show, on retient tout de même le réjouissant collectif des malheureux petits comptables, mais aussi et surtout celui des joyeuses et libidineuses vieilles dames. Quelques pépites, aussi, du côté des costumes, à l’instar de ces ailes en bretzel ou de cette couronne en saucisse gonflable représentant nos amis d’outre-Rhin dans toute leur splendeur. Les numéros sont millimétrés, les sourires démesurés et la mise en scène léchée. Bref, les amateurs du genre devraient se régaler.